Une fois tous les trois ans, lors de la fête de la Sainte Famille, les fidèles admirent la manière dont le prédicateur passe sous silence la deuxième lecture. À sa décharge, il faut bien avouer qu’insister sur Colossiens 3,12-21 ne serait pas à même de contribuer à la paix des ménages, en tout cas en contexte occidental et en cette période de Noël où les familles, cahin-caha, tentent de se réunir, voire de se reconstituer. On connaît les deux versets les plus problématiques : « Vous les femmes, soyez soumises à votre mari ; dans le Seigneur, c’est ce qui convient. Et vous les hommes, aimez votre femme, ne soyez pas désagréables avec elle » (v. 18-19).
On aura beau « les replacer dans le contexte de l’époque », ces injonctions feront immanquablement grincer des dents. D’une part, les femmes modernes ne pourront qu’être offusquées par cette soumission qui est exigée d’elles, comme si elles étaient incapables de s’assumer elles-mêmes, et les hommes ne pourront qu’être agacés par le lourd soupçon, assené comme une évidence, qu’ils manquent de sentiment et font souffrir leur femme (chose d’autant plus