Trad. et éd. B. Pottier. Lessius, coll. « Donner raison », 2011, 192 p., 19,50 euros.
Grégoire de Nysse vient de perdre son frère, Basile de Césarée ; et leur soeur aînée, Macrine, qui fut leur « pédagogue », leur initiatrice spirituelle, est mourante. Il se rend à son chevet et, au seuil de la fin de sa vie, elle lui donne un enseignement sur l’âme, l’espérance, la vie après la mort. Tel est ce dialogue que Grégoire a écrit, à la fois en mémoire de sa soeur et en vue d’un « discours de consolation » typique de l’Antiquité, adressé aux élites cultivées de son temps, discours que l’on a parfois qualifié de Phédon chrétien. Comme d’habitude, Grégoire, l’ancien rhéteur, reprend les formes littéraires de son temps pour les briser de l’intérieur et mettre la conceptualité grecque au service du mystère. Ce dialogue entre Basile et sa soeur, que Bernard Pottier nous donne à lire dans une nouvelle traduction, avec une introduction très précise et des notes abondantes, est un texte du seuil : Grégoire entend utiliser tous les arguments de la raison – « corrigeant, par le mors de son raisonnement, le désordre de mon âme » – pour montrer que la voie chrétienne est une philosophie accomplissant les autres sagesses. Il le fait dans le style imagé qui lui est propre, et son goût prononcé des métaphores. Il le fait en abordant des questions qui sont aussi celles de notre temps : la réincarnation et la résurrection, le rapport entre l’âme et le corps. Tout cela est abordé à partir de réflexions sur la matière (notamment cette unité de la matière dispersée, unité maintenue par la mémoire de l’âme) ou d’expériences communes. Il s’agit certes d’un moment du parcours de Grégoire de Nysse, mais ses intuitions majeures et surtout le chemin choisi sont les nôtres.
Grégoire de Nysse vient de perdre son frère, Basile de Césarée ; et leur soeur aînée, Macrine, qui fut leur « pédagogue », leur initiatrice spirituelle, est mourante. Il se rend à son chevet et, au seuil de la fin de sa vie, elle lui donne un enseignement sur l’âme, l’espérance, la vie après la mort. Tel est ce dialogue que Grégoire a écrit, à la fois en mémoire de sa soeur et en vue d’un « discours de consolation » typique de l’Antiquité, adressé aux élites cultivées de son temps, discours que l’on a parfois qualifié de Phédon chrétien. Comme d’habitude, Grégoire, l’ancien rhéteur, reprend les formes littéraires de son temps pour les briser de l’intérieur et mettre la conceptualité grecque au service du mystère. Ce dialogue entre Basile et sa soeur, que Bernard Pottier nous donne à lire dans une nouvelle traduction, avec une introduction très précise et des notes abondantes, est un texte du seuil : Grégoire entend utiliser tous les arguments de la raison – « corrigeant, par le mors de son raisonnement, le désordre de mon âme » – pour montrer que la voie chrétienne est une philosophie accomplissant les autres sagesses. Il le fait dans le style imagé qui lui est propre, et son goût prononcé des métaphores. Il le fait en abordant des questions qui sont aussi celles de notre temps : la réincarnation et la résurrection, le rapport entre l’âme et le corps. Tout cela est abordé à partir de réflexions sur la matière (notamment cette unité de la matière dispersée, unité maintenue par la mémoire de l’âme) ou d’expériences communes. Il s’agit certes d’un moment du parcours de Grégoire de Nysse, mais ses intuitions majeures et surtout le chemin choisi sont les nôtres.