Votre patience vous obtiendra de demeurer dans la vie.
(Luc 21,19)

Notre modernité a beau être parvenue à une majorité « éclairée », dotée de savoirs et pouvoirs accrus, cela n'empêche nullement le retour périodique de menaces diverses qui la rappellent à la finitude d'une condition mieux consciente de ses limites et de sa fragilité. Aujourd'hui, c'est l'expansion mondiale de la Covid-19, avec son cortège de symptômes et de maux, qui donne à beaucoup l'impression de « ne pas voir le bout du tunnel ». Pour faire face à l'épreuve sans perdre cœur, sans céder à l'évasion, ni à la résignation, il importe de faire appel à toutes nos énergies : c'est ensemble que nous devons apprendre à mieux lutter contre la fascination délétère des forces de mort. D'où le besoin impérieux de « veilleurs » qui portent leur attention non seulement sur les formes du mal, mais sur les modalités d'une résistance à hauteur de libertés responsables et solidaires. Ce contexte devrait nous aider à mieux renouer avec les apports des traditions spirituelles qui nous ont précédés : car, si les fils d'Abraham sont lancés sur les chemins du monde avec des textes pour viatique, encore faut-il qu'ils acceptent de les (re)lire, de les actualiser et de les partager en toute leur densité d'expérience, c'est-à-dire de traversée périlleuse à reprendre sans fin, à l'intérieur de conditions historiques diverses.

La fidélité à l'épreuve

Lorsqu'il inaugure sa vie publique, Jésus est déjà substantiellement nourri de la tradition religieuse de son peuple. Fils d'Israël, il s'éprouve en relation d'alliance avec un Dieu dont la parole accompagne et éclaire l'existence sur ses routes inévitablement tortueuses. À la suite du Baptiste dont il commence à se distinguer, il prend conscience d'une vocation qui l'engage immédiatement dans un combat spirituel où le choix de la vie véritable doit apprendre à déjouer les séductions mensongères de l'Adversaire. C'est à