La Bible, qui n’est en rien comparable à L’Odyssée ou à L’Énéide en matière d’exploits maritimes, ne consacre que quatre récits à la tempête. Trois personnages seulement, et non des moindres, la subissent dans quatre aventures différentes : Jonas, le prophète, qui affronte le déferlement des flots alors qu’il fuit sa mission ; Jésus, le Messie, qui apaise les éléments déchaînés ou marche sur les eaux agitées du lac de Tibériade ; Paul, l’Apôtre, qui est confronté à la violence de la Méditerranée alors qu’il se rend à Rome pour y comparaître devant César. Si, dans ces récits, la tempête n’est jamais traitée pour elle-même, comme c’est le cas dans bien des œuvres littéraires, elle a pour fonction d’interroger l’homme sur son angoisse et sa quête de sens. C’est là son actualité.


Un point de vue original et toujours actuel

La Bible ne cherche pas à donner une explication scientifique du phénomène météorologique ou à se prémunir contre lui. Ce n’est pas de son ressort. Dans la Bible, le récit de tempête n’est pas non plus un exercice d’école tel qu’on le trouve dans la littérature antique. La mer démontée n’est pas un élément du décor. À cet égard, le point de vue biblique diffère de celui des auteurs antiques. La plupart du temps, ces derniers sont en position d’observateurs face à la tempête, selon la formule de Lucrèce : « Il est doux, quand sur la vaste mer [suave mari magno], les vents soulèvent les flots, d’assister de la terre aux rudes épreuves d’autrui. » N’y voyons pas une quelconque jouissance malsaine de la part du poète, qui ajoute aussitôt : « Voir à quels