Dans la vie, il y a deux sortes de malheur. Il y a ceux qui sont logiques et ceux qui ne le sont pas. « Logique », cela veut dire normal, compréhensible et prévisible. Votre mère meurt à 90 ans, c'est bien triste, mais c'est dans l'ordre des choses.
Mais il y a aussi des malheurs incompréhensibles. Rien ne les explique, rien ne les justifie. Et ceux-là, ce sont des malheurs scandaleux. Ce sont ceux qui nous font dire : Ce n'est pas juste ! Ce n'est pas normal ! C'est de ces malheurs-là dont il est question dans le livre de Job : pourquoi y a-t-il des malheurs inacceptables et scandaleux ? Et que fait Dieu dans ces cas-là ?
Job était un homme « bien », juste et pieux. Et, tout d'un coup, patatras ! La foudre tombe sur son bétail et ses serviteurs, et ils sont anéantis. Une tornade s'abat sur sa maison, et tous ses enfants sont tués. Un méchant virus lui tombe dessus, et il devient malade. Et Job ne comprend pas. Il ne s'explique pas ce qui lui arrive1. Et c'est cela qui le révolte.
Job accepte qu'il y ait des malheurs qui s'expliquent, mais il n'accepte pas qu'il y ait des malheurs sans raison, autrement dit incompréhensibles et absurdes. Ainsi, le problème de Job, ce n'est pas tellement le problème du mal, c'est plutôt celui de l'absurde. L'absurde, c'est ce qu'on ne comprend pas. C'est ce qui est sans explication et sans justification. Et c'est cela qui angoisse Job. Pourquoi Dieu me fait-il subir ces épreuves ? Pourquoi me les fait-il subir sans raison, « pour rien » (Jb 9, 17) ?
Nous non plus, nous