L’Évangile ouvre une voie vers une vie plus simple, toute la tradition spirituelle l’atteste. Jésus lui-même invite tous ceux qui l’écoutent à le rejoindre dans une vie allégée et reposée : « Venez à moi vous tous qui ployez sous le poids du fardeau et je vous procurerai le repos !... Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur. Mon joug est doux et mon fardeau léger » (Mt 11,28-30). Jésus conteste ici une vie spirituelle faite de rites et d’obligations, soutenue par les pharisiens à son époque, au détriment de la plus élémentaire justice et de la joie d’aller de l’avant. Mais alors en quoi consiste cette vie plus légère, qui procure le repos intérieur ? On serait bien en peine de tirer de l’Évangile un programme, une méthode, ou même des éléments, qui aideraient à bâtir une vie simple aujourd’hui. Ce serait revenir peu ou prou aux pratiques illusoires des pharisiens. Or l’Évangile nous tourne vers la simplicité du cœur souvent divisé : celle du regard en quête de lumière mais si vite troublé, biaisé parfois ; et celle de l’intention, droite ou calculée, qui guide l’action. Pas de vie simple sans homme simple. C’est là, aux sources de la vie et des choix qui lui donnent réalité, que la parole de Dieu nous rejoint, nous éclaire, prend chair en nous comme elle prit chair en Jésus, puis dans l’Église. En nous unifiant dans la foi, elle nous simplifie intérieurement au service des hommes et du monde, toujours complexes.
Une contemplation de Jésus en trois situations nous révélera à la fois la force divine de notre aspiration à une vie plus simple et l’enjeu d’un combat spirituel nécessaire contre les fausses simplicités et les opacités mensongères qui grèvent une complexité inéluctable. On pourra alors esquisser une manière de laisser le Christ simplifier notre vie.


Un style de vie marqué par l’accueil

Jésus étonne ceux qui l’approchent par un style de vie dont le premier signe, le plus immédiat, est son accueil sans limite que souligne une présence hors du commun. Malades, étrangers, personnes publiquement réprouvées comme les prostituées ou les publicains, ou encore hommes et femmes en recherche d’idéal et de sens, modestes pêcheurs des bords du lac, pauvre veuve du parvis du Temple ou notables jouissant de considération et de prérogatives… à tous, il donne le sentiment d’être là pour eux, dans une totale disponibilité de cœur et d’attention bienveillante. Rien de ce qui constitue l’homme et son environnement ne saurait faire obstacle à la rencontre du Christ.
Paul dans la Lettre aux Romains reprend tout cela : « Ni mort ni vie, […] ni présent ni avenir, ni puissances, […] ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8,38-39). Rien ne pourra nous en séparer, sinon l’absence de désir, l’indifférence, la fuite ou la fermeture, ou encore ce désir perverti et calculateur que Jésus reproche aux pharisiens. Rien,...
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