L’ère d'un long pontificat s'achève. Jean Paul II « a franchi le seuil vers l'autre vie, entrant dans le mystère de Dieu », comme l'a dit Benoît XVI, son successeur. Il a rendu son dernier souffle, lui qui, dans ses derniers jours, avait perdu le souffle de la parole publique. Tout au long de son règne, il avait pourtant su parler aux foules qui s'empressaient autour de lui pour l'écouter et qu'il avait plaisir à rassembler ainsi. Les images se pressent en foule et ont été répandues jusqu'aux extrémités de la planète : retrait ultime dans ses appartements privés ; mort affrontée avec courage ; exposition de son corps aux yeux emplis de larmes et de joie d'un peuple accouru des quatre coins du monde ; jeunes et moins jeunes communiant dans une prière de reconnaissance et des chants d'espérance ; mise au tombeau sous la basilique de pierre, au plus près de Pierre, le premier des papes.
 

Témoin d'une Eglise en pèlerinage


A l'image de Simon devenu Pierre, choisi par le Christ, Karol Wojtyla est venu, lui aussi, jusqu'à Rome pour affermir ses frères dans la foi, les rassembler dans l'unité et gouverner l'Eglise en « présidant à la charité ». Des millions de personnes l'ont escorté dans le franchissement du mystère ultime, remerciant Dieu d'un tel choix. Ce fut un grand au revoir, pas seulement de la part des catholiques, pas seulement de la part des chrétiens, mais aussi de la part des fidèles d'autres religions habités par « l'esprit d'Assise », et finalement de la part de tous ceux qui s'interrogent — souvent à tâtons — sur les grandes énigmes de la condition humaine. Vaste remuement planétaire attestant de l'enracinement de la foi chrétienne dans le grand courant de la mondialisation qui emporte à vive allure l'humanité actuelle. Les deux colonnades de pierre qui prolongent le corps de la basilique pour enserrer de chaque côté la place Saint-Pierre apparaissaient une nouvelle fois comme les deux grands bras miséricordieux du Père venu enlacer les membres d'une foule immense et multicolore.
Le temps est venu de commencer à dresser des bilans de ce pontificat. Nul n'a oublié que Jean Paul II fut un grand « arpenteur du monde », avec à son actif plus de cent déplacements apostoliques au sein de notre « petite planète bleue », pour parler comme les écologistes.
Le premier, Paul VI reçut l'intuition que les papes des temps modernes n'étaient plus condamnés à vivre comme leurs prédécesseurs. A la différence de ceux-ci, ils ont renoncé à être des alliés ou des rivaux des martres temporels des Etats souverains. Des forces hostiles ne s'acharnaient plus contre des possessions devenues hautement symboliques. Désormais, ils pouvaient sortir de Rome pour aller à la rencontre du vaste monde que Dieu leur avait confié.
Paul VI parlait du haut de la tribune des Nations Unies, dans la foulée du Concile Vatican II, comme le témoin d'une Eglise en pèlerinage depuis ses origines. Il s'entretenait...

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