lntr. M. Egger. Trad. M. Redhon. Cerf/Le Sel de la terre, 2000, 306 p., 22 €.

La traduction de l'ouvrage d'Alla Selawry rend l'inestimable service de présenter aux lecteurs francophones cette grande figure du Christ qui a marqué la Russie, il y a cent ans maintenant.
Maxime Egger compare le Père Jean à Vincent de Paul. Né en 1 829 dans une famille paysanne très pauvre, il rayonnera, devenu prêtre, tant auprès des pauvres que des puissants. A la fois pasteur, confesseur, père spirituel, fondateur de monastères, bâtisseur d'oeuvres sociales, il attire à lui les foules en quête de guérison physique et spirituelle, et la puissance de sa prière opère des miracles. Tour à tour contesté et adulé, il reste un homme simple, bon, ouvert à chacun, lumineux de la joie de la résurrection.
Considéré comme un saint de son vivant, il a été canonisé dès 1990, c'est-à-dire dès que l'Eglise russe s'est retrouvée libre de toute tutelle étatique. Maxime Egger s'est chargé d'un contrepoint discret dans son excellente introduction . le Père Jean était un homme de son temps et ses prises de position politiques sont farouchement opposées aux idées révolutionnaires. Qui s'en étonnerait ? Il n'y voyait que le danger représenté par le triomphe de l'athéisme.
Au service de tous, le Père Jean a trouvé le temps de laisser de nombreux écrits : journal intime, sermons, articles, études, correspondance considérable. Les larges extraits regroupés par Alla Selawry introduisent à la source même de son rayonnement : son total abandon aux mouvements de l'Esprit en lui, le don entier de sa vie au Christ.