Préf. M. L. Fitzgerald. Desclée de Brouwer, 2008, 201 p., 19 euros.
 
Évêque dans le désert saharien d’une poignée de chrétiens disséminés en terre d’islam : comment est-ce possible ? Pour­quoi être restés en Algérie lorsque se multipliaient enlèvements et meurtres ? Il y a dans ce livre bien des réponses aux incompréhensions métropolitaines.
Le jeune Père Blanc, arrivé en Algé­rie en 1970 comme directeur adjoint d’un Centre de formation profession­nelle, va petit à petit s’enraciner, adopter ce pays, ses habitants et sa spiritua­lité. Pas de confusion, pas d’amalgame, mais la conscience forte de se tour­ner vers le même Dieu, chacun avec son chemin.
Les figures de Mgr Duval, de Chris­tian de Chergé, des frères de Tibhirine et tant d’autres frères et soeurs moins connus, morts eux aussi, deviennent fa­milières, au point que nous comprenons qu’ils aient pu continuer à vivre là.
Ne pas confondre la population et les extrémistes. Ne pas déserter du Lien de la paix (Rybât Essalâm) qui unit en Dieu des spirituels chrétiens et musulmans. Devant un point de divergence insur­montable, un musulman du Rybât a dit : « Nous ne devons nous exprimer nos différences que pour mieux nous exercer à la Miséricorde. » Voilà tout l’esprit de cette présence chrétienne en pays musulman, sans angélisme, sans esprit de conquête. Juste une présence et la Miséricorde au coeur de chacun.
Le cheminement spirituel est ancré sur la vie de Jésus à Nazareth, enfoui, puis humble présence sur les chemins de Palestine, « une nouvelle façon d’être en relation avec Dieu et avec les autres ». C’est le modèle que suit le jeune Père Claude et que ne désavoue pas Mgr Rault. Au dernier chapitre, en guise de final, « Une messe en islam » propose une merveille de liturgie chrétienne dans les termes de la foi islamique.