Prés. A. Woodrow. Trad. M. Triomphe. Cerf, 2005, 269 p., 25 euros.

Archevêque de Canterbury, primat de l’Église anglicane, théologien, homme de convictions, esprit ouvert et cultivé, le Dr Williams est tout simplement chrétien, passionnément engagé dans son siècle. Son livre est le vibrant témoignage de son parcours. La présentation remarquable, due à Alain Woodrow, ancien journaliste au Monde, évoque l’itinéraire, la personnalité, les dons du Dr Williams, et les caractéristiques de l’Église anglicane.
Atypique, inclassable, influencé par les orthodoxes et les catholiques, l’auteur a d’ailleurs songé un moment à devenir moine… catholique.
Il faut se souvenir que la communion anglicane est une fédération d’Églises en communion les unes avec les autres, l’évêque de Canterbury n’exerçant qu’un primat présidentiel. Cet essai, journal des années 90, gravite autour de quelques thèmes fondamentaux : l’enfance et le choix, la charité et le repentir. Il exprime sans ambages des vues percutantes et originales, l’auteur s’impliquant profondément dans tous les événements. Affronté à de graves défis, tels que l’unité de la communion anglicane, la poursuite du dialogue oecuménique, le désintérêt croissant pour le christianisme organisé et institutionnel, l’image désastreuse donnée par l’Église d’une communauté en train de gérer son déclin, le Dr Williams n’hésite pas à affirmer fortement ses convictions envers et contre tout.
Les « icônes perdues » de ce livre ont tout d’abord été un ensemble de conventions, d’imagination, d’images de vie à occuper dans un monde qui est inexorablement un lieu de temps et de perte.
Mais, au fur et à mesure que la réflexion progresse, une zone unique se dessine : l’âme « perdue ». Perte inextricablement liée à la tradition et à l’usage chrétiens. Autrement dit, l’Autre existant au-delà de la violence : le regard d’amour qui ne se laisse ni éluder, ni dévier, et qui ne possède ni ne cherche aucun avantage. Ce qui conduit l’auteur à parler d’espérance, de ce qui n’est pas perdu et qui ne peut l’être. De Dieu, tout simplement.