Il nous arrive de dire : « Je n'ai pas le temps » ou : « Le temps file à toute vitesse » ou, à l'inverse : « Le temps me dure, j'aimerais qu'il passe plus vite ! » Dans nos sociétés où tout s'accélère, nous situer de façon juste face au temps n'est pas chose aisée. Les conseils qui suivent ont pour simple but de nous aider à cultiver un meilleur rapport au temps et à reprendre la main quand nous nous laissons déborder par lui.

Recevoir le temps comme un cadeau de Dieu

Entre naissance et mort, le temps nous est donné, il ne nous appartient pas. Pourtant, nous agissons parfois comme si nous en étions les maîtres. C'est pourquoi l'expression « gérer son temps » n'est pas vraiment appropriée, sauf si nous nous considérons comme des gérants, et non des propriétaires, qui ont des comptes à rendre sur la manière dont nous l'utilisons.

Le temps est à recevoir et à habiter. Nous confrontant à des limites, il nous éprouve mais nous structure aussi, car il nous fournit un cadre libérateur. Nos journées n'ont que vingt-quatre heures et nos semaines ne comportent que sept jours. De même, d'année en année, les saisons se succèdent, nous imposent leur rythme et leur température. Nous n'avons pas prise sur ces réalités. Elles sont là. Elles nous résistent.

Recevoir le temps nous fait entrer dans une posture de gratitude et de reconnaissance envers Celui qui nous le donne. Si le temps est un don qui nous est fait, et non un dû, nous ne pouvons ni le perdre ni chercher une efficacité mortifère pour le rentabiliser. Nous avons tout simplement à exercer notre liberté et notre responsabilité dans un certain lâcher-prise.
Prêter attention au temps présent

Un message sitôt envoyé sur Internet ou un texto sont sitôt reçus ! Dans cette culture du numérique, nous sommes souvent portés à vouloir tout, tout de suite, et à nous situer dans l'immédiateté. Or, le temps se déroule et nous situe dans le présent. Il ne gomme pas le passé toujours présent, qui nous revient en mémoire, et il nous tourne vers l'avenir dans une perspective dynamique qui nous projette plus loin et nous apprend à patienter.

Dans son encyclique Laudato sí, le pape François nous invite à l'attention au temps présent comme un secret de bonheur et de paix intérieure : « Nous parlons d'une attitude du cœur qui vit tout avec une attention sereine, qui sait être pleinement présent à quelqu'un sans penser à ce qui vient après, qui se livre à tout moment comme un don divin qui doit être pleinement vécu. »1 Oui, nous sommes invités à cultiver la présence au moment présent en étant pleinement conscients de ce que nous vivons.

Cela ne nous empêche pas de prévoir notre journée et les différentes tâches qui nous attendent. La prévision dans notre agenda nous délivre du souci de l'organisation et de l'inquiétude.
Alterner temps longs et de temps courts

La sagesse réside dans la conjugaison de différents types de temps. Répondre à nos courriels, planifier notre semaine, passer des coups de téléphone, régler des factures, etc. demandent une régularité et une concentration nécessaires au bon accomplissement de notre travail ou de nos responsabilités. Aller conduire ou chercher les enfants à l'école, faire les courses, préparer le repas : autant de temps courts qui requièrent toute notre efficacité et présence.

N'hésitons pas à nous octroyer des temps longs pour lire, méditer sans être dérangés, écouter de la musique, nous promener sans être connectés, afin de puiser à la source de notre être profond, de rejoindre l'Esprit qui nous habite et de nous laisser unifier. Nous offrir ces temps longs nous rend plus performants dans les temps courts et surtout moins agités.
Sanctifier le temps

Dans la Genèse, Dieu se repose le septième jour en posant son regard sur le monde et en déclarant que cette création est très bonne. Ce septième jour de repos est une manière de sanctifier le temps et de rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Le dimanche nous est offert pour marquer un temps d'arrêt, pour nous re-poser en Dieu. Or les rythmes effrénés de nos sociétés de consommation ont effacé le rythme commun du repos. Il ne nous est pas toujours facile de sanctifier ce jour. En tenant compte de notre situation, nous avons à chercher comment inscrire un certain repos pour Dieu dans notre semaine.

Un autre exercice fécond est de relire notre agenda à la lumière du temps liturgique et de nous laisser imprégner par la couleur qu'il projette sur nos journées. Le temps de l'Avent et celui de Noël nous font vivre dans l'attention à tout ce qui naît sur cette terre, le temps du Carême nous prépare à Pâques dans un certain dépouillement du superflu afin de renaître à Pâques. Enfin, le temps ordinaire nous fait goûter des joies simples de la vie quotidienne. Le temps prend ainsi une autre dimension. Il travaille et nous travaille en profondeur. Mort et vie s'y mêlent et creusent en nous une certaine pauvreté de notre être.
 
1 Pape François, Laudato sí, n° 226.