Dans la vie, à moins d'être masochiste, nous préférons être gagnants que perdants. La question est de savoir en vue de quoi : pour grandir, dominer, être le meilleur... Et qu'advient-il lorsqu'il nous arrive le contraire : perdons-nous la face ou savons-nous rebondir ? Par sa manière de vivre et par ses paroles, Jésus nous indique une voie étroite à emprunter.

Entre croissance et décroissance

Notre vie est faite de gains et de pertes, un peu comme celle du papillon qui doit quitter son cocon s'il veut voler de ses propres ailes. Durant notre enfance et notre adolescence, nous accèdons à beaucoup de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être. Ces connaissances, ces compétences et attitudes nous construisent et nous aident à entrer dans l'âge adulte. Au fur et à mesure de notre vie, nous apprenons aussi à devenir ce que nous sommes en nous confrontant à des expériences nouvelles et à des changements qui nous obligent à quitter des habitudes et des certitudes. Ainsi se façonne notre identité, entre don et promesse, dans un monde sans cesse en évolution. Comme le serviteur fidèle de l'Evangile, faisons-nous fructifier nos talents, tout ce qui nous est confié - ce qui représente un énorme potentiel - ou bien enfouissons-nous tout par peur du jugement des autres ?

 

"Maître, tu m'avais confié cinq talents ; voici cinq autres talents que j'ai gagnés. Son maître lui dit : 'C'est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de chose, sur beaucoup je t'établirai : viens te réjouir avec ton maître'." (Matthieu 25,20-21)

 

Un renversement de perspective

Les paroles de Jésus nous prennent toujours à rebrousse-poil ! Il a l'art de renverser les perspectives pour nous faire entrer dans celles de Dieu, infiniment plus larges que les nôtres. Le couple gagner/perdre revient souvent dans sa bouche. Il nous invite à ne pas être propriétaires de nos vies mais de bons gérants de ce qui est donné. Seulement, Dieu ne fait rien sans nous. Si nous ne engageons pas, rien n'arrivera. Cet engagement nous demande aussi un dégagement pour ne pas perdre ou nous laisser prendre par l'esprit du monde. Jésus nous montre le chemin de cette vie offerte et livrée. Il nous appelle à sa suite. Quel beau risque à prendre !

 

"Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera. Que sert donc à l'homme de gagner le monde entier, s'il se perd ou se ruine lui-même ?"

(Luc 9, 24-25)

 

• Concrètement, comment procéder ?

Comment rester gagnants à travers toutes les pertes que nous avons à vivre ? Comment gagner sans écraser les autres de nos trophées ? Comment ne pas désespérer lorsque nous nous sentons perdus et pas à la hauteur de notre tâche ? A chacun de trouver ses réponses mais pas seul : toujours à l'écoute de l'Esprit Saint !

 

→ Partager la joie 

"Réjouissez-vous avec moi, car je l'ai retrouvée, ma brebis qui était perdue." (Luc 15,6)

 

Nous sommes souvient anxieux lorsque nous avons perdu quelque objet, surtout s'il s'agit de notre téléphone portable dont nous ne pouvons pas nous passer ! Nous mettons notre entourage à contribution pour le chercher. Quelle joie quand nous le retrouvons. Impossible de garder cette joie pour nous. Nous avons besoin de la partager avec d'autres. Imaginons Dieu le Père qui retrouve les enfants qui se sont éloignés de lui et qui prennent conscience qu'ils sont perdus loin de lui. Réjouissons-nous de la joie de Dieu et rendons-la contagieuse.

 

→ Tout miser sur le Christ

"A cause du Christ, j'ai accepté de tout perdre... afin de gagner le Christ." (Philippiens 3,8)

 

Saint Paul sait de quoi il parle. Pour gagner le Christ, il a accepté de tout perdre, de renoncer à sa notoriété de pharasien, à son pouvoir sur les autres, à sa manière de croire et de vivre. Conversion radicale qui l'a conduit sur des chemins inédits. Quel gain pour les chrétiens dont nous sommes qui ont hérité de lui et de ses écrits ! Ce qui nous permet de dépasser l'opposition entre gagner et perdre, c'est bien de nous situer dans une relation avec le Christ. C'est parce que son amour n'a pas de prix que nous pouvons tout miser sur lui. Le don de nous-mêmes n'est que réponse à son appel et à son initiative. Nous en prenons conscience dans la prière.

 

→ Tenir bon

"C'est par votre persévérance que vous gagnerez la vie." (Luc 21,19)

 

Les écrits de sagesse du Premier testament donnaient déjà cet avertissement : "Malheur à vous qui avez perdu la persévérance !" (Siracide 2,14). La fidélité à Dieu est une vigilance de chaque jour. Rien n'est jamais acquis, la conversion est à vivre quotidiennement. Tous les contemplatifs le disent : la durée est une épreuve redoutable. Il nous est demandé de tenir bons, d'être constants et persévérants. Cela n'est possible qu'en nous appuyant sur la communauté chrétienne et le soutien mutuel dans l'attente du retour du Christ. Sa venue nous surprend toujours. Veillons dans l'espérance.

 

 

 

Ce texte est extrait du Guide pratique pour développer sa vie spirituelle - volume 2 - publié par Vers Dimanche.

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