Qui ne se réjouirait, dans les milieux ignatiens en particulier, de l’élection du pape François, qui fut jésuite, Assistant national de la CVX et provincial d’Argentine avant d’être l’archevêque de Buenos-Aires ? Mais passé le moment de l’élection avec l’émotion des premiers mots, des premiers gestes, c’est comme s’il fallait s’arrêter un peu et respirer. Comme si on avait besoin de se ressaisir l’espace d’un instant pour accueillir et apprécier au plus juste l’événement et plus encore l’homme qui nous est donné.

 


Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites, était coutumier de ces brèves méditations qui coupent l’émotion et laissent venir au fond de soi un sentiment durable, raisonné, fécond, une « consolation spirituelle ». Son secrétaire, Gonçalves de Camara, raconte, à propos de la maladie du pape Jules III, qu’Ignace ne parvenait à prier vraiment pour le pape qu’en cherchant des raisons  justes et fondées de le faire, et  y trouver ainsi de la ferveur. Ce besoin d’activer notre raison pour prier avec plus de cœur et de vérité peut bien nous rejoindre aujourd’hui devant l’élection du pape François.

Car un pape n’est pas seulement un élu, choisi pour fixer un cap, mettre en œuvre une politique et des réformes nécessaires, affronter des dossiers brûlants… Encore moins est-il l’homme d’une spiritualité ou d’une famille fût-elle spirituelle ! (Voilà qui rappellerait étrangement des rivalités et des luttes d’un autre temps !). Le pape est avant tout un baptisé, un frère donné pour encourager et servir la foi de ses frères et sœurs dans le Christ aujourd’hui. Qu’est-ce qui la rend solide et féconde, et appelle reconnaissance, encouragement ? Et qu’est-ce la fragilise, l’ébranle ou la rend inaudible, appelant dépassement, pistes nouvelles ?
 
Alors, oui ! Joie profonde et confiance en cet homme dont le sens de l’Eglise et des responsabilités les plus lourdes s’est forgé à discerner des choix difficiles au cœur d’une histoire de violences et de crises !
 
Joie et promesse pour ce compagnon ignatien, exercé à ouvrir  toute réalité et toute question au souffle de l’Esprit et à la lumière de l’évangile, pour que l’amour du Christ vivant saisisse les plus petits comme les plus grands !
Joie et espérance pour ce frère des pauvres, simple dans sa vie, témoin de la vitalité de la foi dans d’autres espaces du monde, il nous appelle déjà à élargir notre regard, attendrir notre cœur, creuser notre soif de justice !