Remettre l’homme au centre de l’activité économique et sociale apparaît, pour un nombre croissant de personnes, comme l’unique perspective pour sauver la planète et fonder une nouvelle solidarité. Pour y parvenir, il ne suffit pas de combattre des structures d’injustice au nom de valeurs plus justes, plus écologiques et démocratiques. Dans la mesure où il s’agit de changer de manière de vivre, ce combat éthique a aussi nécessairement une dimension personnelle. C’est en soi-même qu’il s’agit d’abord de mener le combat, contre les forces et les pesanteurs, les contraintes et les intérêts qui nous délogent de notre dignité et nous exemptent de nos responsabilités. Il est plus facile d’accuser le financier cupide, intraitable et sans visage, que de reconnaître ma complicité avec un système spéculatif dont, même très chichement, je profite. Il est plus aisé de dénoncer les industries trop gourmandes en eau que de changer ma propre consommation. Là s’affirme pourtant la vérité d’une conversion et d’une solidarité durable.
 
Il existe une très courte prière qu’Ignace invite à faire préalablement à tout « exercice spirituel ». Il s’agit de demander à Dieu la grâce d’être mis en sa présence : recevoir et ré-accueillir à tout moment comme un don de Dieu une présence à soi-même et à l’activité prévue qui soit pleinement ouverte au respect, à la gratification, au service de l’autre.