Quoi de plus difficile que d'être là, présent à la souffrance d'autrui, et comment être présent à celle ou celui qui nous confie cette souffrance ? Soignante, comme médecin, et malade moi-même, j'ai tenté – sans jamais être sûre d'y parvenir – d'ajuster cette présence à autrui, toujours à renouveler. Aucune recette, de prêt-à-porter ou de protocole établis d'avance, cet « être-là » est toujours à réinventer.
C'est une expérience répétée, humble, que de pouvoir demander aux autres d'être là quand nous n'allons pas bien. Il faut dépasser au départ une certaine pudeur, un certain orgueil, où vient se glisser le Malin. Oser formuler une demande suppose l'acceptation de notre manque, de notre limite, de notre incomplétude. Notre besoin convoque un « être-là » dans la dimension de la communion et de la compassion – deux dimensions si exigeantes de cette présence, jamais données d'avance.
Mais qu'il est difficile de répondre par son être-là à la souffrance d'autrui ! Trouver la parole juste, les mots adaptés, le silence. Se faire présent physiquement, sentir quand cette présence est impérative ou au contraire délétère. Proposer, écouter, se taire, mais aussi savoir juste manifester qu'on est là, disponible. Trouver et sentir la juste présence. « Tu peux m'appeler quand tu le veux, même la nuit ! » est une porte entrouverte. La savoir ouverte est parfois suffisant pour ne pas avoir besoin d'appeler !
Le besoin requiert ce qui est nécessaire, parfois vital dans une situation de vulnérabilité ou de dépendance. Le besoin primaire est le plus souvent associé à un besoin corporel, souvent incontournable : il faut boire pour vivre, le nouveau-né a