La méditation proposée ici n'est pas exégèse scientifique. Elle suggère les questions qu'un texte capital pose à tout contemporain de la seconde moitié du XXsiècle sur l'originalité et les imprévisibles développements de l'existence chrétienne.

Les Actes des Apôtres nous montrent ce que fut la rencontre des premiers chrétiens avec des hommes extérieurs à toute relation avec Jérusalem et vivant hors du monde judaïque. La communauté chrétienne, sans perdre son affection pour tout ce qui touche à la Ville sainte, s'en éloigne, se décentre. Mais elle n'est pas encore l'Église de l'Empire. Cela n'est pas sans analogie avec notre époque où nous sortons de nos chrétientés et de l'univers occidental pour une aventure renouvelée, une traversée sans rivages.

L'existence chrétienne dans les Actes prend son départ d'un élan concret des chrétiens vers une rencontre avec tous les hommes, au nom du Dieu dont on veut mieux accueillir et communiquer le message. Ce mouvement conduit à une rencontre avec les hommes, païens d'hier mais de bon vouloir, qui donne naissance à une communauté chrétienne. Mais ces communautés ne se constituent que dans un dynamisme qui les brise, pour que l'existence éclate en réseau de communications toujours renouvelées, à travers des communautés à la fois plus variées et plus unies en profondeur. Ainsi, se développe un pluralisme de petits groupes actifs par lesquels s'achève ce mouvement de l'existence chrétienne, pour reprendre ensuite son élan dans un jeu analogue de figures, d'éclatements et d'unité. De la rencontre des hommes, de tous les hommes, jusqu'au