Séduite par les satisfactions immédiatesque promet la société marchande et fascinée par l'abolition de l'espace et du temps que font miroiter les médias, notre génération a du mal à consentir au réel, à la persévérance et aux renoncements qu'il exige ; bref, à son épreuve. Et pourtant, c'est bien là que l'Esprit Saint nous donne rendez-vous.
Le réel, c'est ce qui résiste. Ce qui, du dedans, résiste à l'usure et nous permet de tenir debout : le roc sur lequel on construit. Mais c'est aussi ce qui, du dehors, résiste à nos projets : la dure réalité des faits. L'un ne va pas sans l'autre, tant il est vrai que c'est en se confrontant à la dure réalité et en acceptant nos limites que nous progressons. Avoir le courage de changer ce qui peut être changé, la patience d'accepter ce qui ne peut être changé, et voir la différence, telle est la sagesse.
Sagesse acquise à force de patience, d'accueil de la vie, avec ce qu'elle apporte d'accomplissements et de déceptions. La maturation ne se réalise qu'à travers joies et frustrations. Freud allait jusqu'à dire que la seule mesure éducative, c'est la privation. Celle-ci nous apprend à différer les satisfactions immédiates et permet au désir de se dilater, de s'ouvrir à une promesse plus grande. Mais le climat de facilité ambiant ne favorise guère cette éducation du désir. Il porte plutôt à contourner l'obstacle. Qu'une crise survienne, et l'on change ses décisions, on se sépare plutôt que de s'entendre, quitte à sombrer dans l'instabilité, faute d'affronter la difficulté.
Sagesse bien nécessaire aujourd hui ! A»l heure où la société hésite sur ses repères et ses valeurs, où l'Eglise voit fondre jour après jour son crédit et ses forces, où chacun enfin reconnaît qu'il n'est pas meilleur que ses pères, alors sont éprouvés les fondements. Rude et bénéfique épreuve, qui décape, mais qui révèle aussi la vérité des choses : « Si tu n'as pas commencé de souffrir, tu n'as pas commencé d'aimer », disait saint Augustin. Leçon qu'Ignace avait bien apprise, pour dire le sens de la désolation dans la vie spirituelle : elle nous montre jusqu'où nous sommes capables d'aller dans le service de Dieu sans un tel « salaire de consolations » et de grâces sensibles. C'est pourquoi la sagesse chrétienne dénonce cette sorte d'amour « mercenaire » qui, derrière les grands dévouements, cache une subtile recherche de soi : « C'est dans l'épreuve que l'on verra quel est l'esclave et quel est le vrai fils », disait Tauler.
La foi en l'Incarnation invite à épouser la réalité : patience des lentes maturations, médiations onéreuses du travail, de la vie de relation et de solidarité, tout autant que persévérance dans la prière. Appel à ne pas rêver une vie chrétienne qui ne serait possible que dans les marges, mais à la mener au coeur des décisions difficiles et des renoncements prometteurs de vraie fécondité.
Le réel, c'est ce qui résiste. Ce qui, du dedans, résiste à l'usure et nous permet de tenir debout : le roc sur lequel on construit. Mais c'est aussi ce qui, du dehors, résiste à nos projets : la dure réalité des faits. L'un ne va pas sans l'autre, tant il est vrai que c'est en se confrontant à la dure réalité et en acceptant nos limites que nous progressons. Avoir le courage de changer ce qui peut être changé, la patience d'accepter ce qui ne peut être changé, et voir la différence, telle est la sagesse.
Sagesse acquise à force de patience, d'accueil de la vie, avec ce qu'elle apporte d'accomplissements et de déceptions. La maturation ne se réalise qu'à travers joies et frustrations. Freud allait jusqu'à dire que la seule mesure éducative, c'est la privation. Celle-ci nous apprend à différer les satisfactions immédiates et permet au désir de se dilater, de s'ouvrir à une promesse plus grande. Mais le climat de facilité ambiant ne favorise guère cette éducation du désir. Il porte plutôt à contourner l'obstacle. Qu'une crise survienne, et l'on change ses décisions, on se sépare plutôt que de s'entendre, quitte à sombrer dans l'instabilité, faute d'affronter la difficulté.
Sagesse bien nécessaire aujourd hui ! A»l heure où la société hésite sur ses repères et ses valeurs, où l'Eglise voit fondre jour après jour son crédit et ses forces, où chacun enfin reconnaît qu'il n'est pas meilleur que ses pères, alors sont éprouvés les fondements. Rude et bénéfique épreuve, qui décape, mais qui révèle aussi la vérité des choses : « Si tu n'as pas commencé de souffrir, tu n'as pas commencé d'aimer », disait saint Augustin. Leçon qu'Ignace avait bien apprise, pour dire le sens de la désolation dans la vie spirituelle : elle nous montre jusqu'où nous sommes capables d'aller dans le service de Dieu sans un tel « salaire de consolations » et de grâces sensibles. C'est pourquoi la sagesse chrétienne dénonce cette sorte d'amour « mercenaire » qui, derrière les grands dévouements, cache une subtile recherche de soi : « C'est dans l'épreuve que l'on verra quel est l'esclave et quel est le vrai fils », disait Tauler.
La foi en l'Incarnation invite à épouser la réalité : patience des lentes maturations, médiations onéreuses du travail, de la vie de relation et de solidarité, tout autant que persévérance dans la prière. Appel à ne pas rêver une vie chrétienne qui ne serait possible que dans les marges, mais à la mener au coeur des décisions difficiles et des renoncements prometteurs de vraie fécondité.