Contrairement à ce que nous pouvons rêver, la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Des périodes de turbulence succèdent à des périodes de calme. Il nous arrive d'avoir à affronter des difficultés, en nous, autour de nous, dans le monde ; des épreuves de toutes sortes, dont nous ne sommes pas forcément responsables. Nous ne les choisissons pas, elles surviennent sans prévenir. Et pourtant, elles n'annihilent pas notre liberté.

 

Quand les vents sont contraires

 

Dans la Bible, le peuple de Dieu a souvent fait l'expérience de l'adversité : en esclavage en Egypte, lors du passage de la Mer rouge quand les Egyptiens le poursuivaient de leurs chars, dans le désert où la nourriture se faisait rare et où il était tenté de se rebeller contre Moïse et contre Dieu, en Canaan, lors de l'exil à Babylone, etc. Chaque fois, le peuple aurait pu disparaître. Contre vents et marées, il a tenu bon. Dieu veillait sur lui. Les disciples de Jésus sont eux aussi passés par bien des épreuves avant, pendant et après la mort de Jésus. Suivre leur maître n'a pas été de tout repos. Ils ont subi l'incompréhension, le découragement, le sentiment de l'abandon, la nuit de l'âme... Chaque fois, Jésus les a devancés et invités à la confiance quoi qu'il arrive.

 

"Ce jour-là, le soir venu, Jésus leur dit : "Passons sur l'autre rive"... Survient un grand tourbillon de vent. Les vagues se jetaient sur la barque, au point que déjà la barque se remplissait... Réveillé, Jésus menaça le vent et dit à la mer : "Silence, tais-toi !" "(Marc 4, 35.37.39).

 

Apprendre à discerner

Les épreuves ou les difficultés que nous rencontrons dans la vie quotidienne et dans la prière risquent de nous déstabiliser et de nous faire perdre pied. Il est noraml que, face à l'adversité, nous éprouvions, dans un premier temps, de la colère, du découragement, de l'indignation, voire de l'humiliation. Nous pouvons facilement nous laisser abattre et nous détourner de l'espérance. Il convient alors de veiller à nos réactions, de mettre des mots sur ce qui nous habite, de repérer si nous donnons prise à l'adversaire ou si nous nous laissons conduire par l'Esprit de Dieu. La seule chose à faire est de nous tenir en ce lieu avec le Christ.

 

Moïse répondit au peuple : "N'ayez pas peur ! Tenez bon ! Vous allez voir aujourd'hui ce que le Seigneur va faire pour vous sauver ! Car ces Egyptiens que vous voyez aujourd'hui, vous ne les verrez plus. Le Seigneur combattra pour vous, et vous, vous n'aurez rien à faire." (Exode, 14, 13-14)

 

→ Concrètement, comment procéder ?

Il n'existe pas de règle de conduite sur mesure. Chacun, en fonction de son histoire, de son âge, de son état de vie, découvre peu à peu ce qu'il convient de faire. Dans le livret des Exercices spirituels, saint Ignace nous donne cependant quelques repères pour nous orienter quand la désolation survient.

 

⋅ Nous ancrer dans la prière 

"Il convient de donner plus de temps à la prière, de méditer avec plus d'attention, d'examiner plus sérieusement notre conscience." (Exercices spirituels, n° 319)

Seul le Christ est vainqueur du mal et de l'adversité dans le monde et en chacun de nous. C'est donc sur lui seul que nous pouvons nous appuyer, en renonçant à l'illusion que nous pouvons nous en tirer par nos seules forces. Avoir recours à une prière plus ardente peut nous aider à traverser un moment difficile. Nous acceptons ainsi qu'un Autre que nous-mêmes ait l'initiative.

 

⋅ Ne rien changer mais nous changer

"Quoique nous ne devions jamais changer nos résolutions au temps de la désolation, il est très utile de nous changer courageusement nous-mêmes." (Exercices spirituels, n° 319)

La parole aide bien souvent à avancer. Elle nous permet de mettre des mots sur ce qui nous arrive et de trouver un interlocuteur avec l'oreille compatissante dont nous avons besoin dans de tels moments. Mais nous ne pouvons pas parler à tort et à travers. Il nous faut choisir une personne de bon conseil à laquelle nous pourrons parler, qui saura garder la confidentialité de l'échange et garder une juste distance par rapport à ce que nous lui dirons. Ce n'est pas obligatoirement un prêtre. Parfois, il nous sera utile d'avoir recours au sacrement de réconciliation pour retrouver la paix intérieure.

 

 

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