Introd. I. Marcil. Éditions du Carmel, coll. « Vie intérieure », 2007,160 p.,18 euros.
Cette anthologie constitue une excellente introduction au Livre des révélations, l’un des plus importants écrits, et des plus abordables, de la mystique chrétienne. Dans la riche littérature spirituelle du XIVe siècle anglais (R. Rolle, M. Kempe, Le nuage d’inconnaissance), la voix de Julienne est singulière : la sobriété de ses « visions » et de ses « révélations » exclut le sensationnel qui s’attache d’ordinaire à ces vocables. S’y révèle plutôt un sens du mystère de Dieu et de celui du salut étonnamment sûr en même temps que hardi.
Cette recluse, qui dit ignorer le latin, déploie une véritable catéchèse existentielle, reposant sur son expérience de foi, sans doute éclairée par les théologiens qui la fréquentaient, et sans doute aussi éclairante pour eux. Les énigmes qui tourmentent la conscience chrétienne (le mystère du mal, l’éventualité de la damnation) sont affrontées avec intrépidité parce qu’elles sont toujours situées dans l’amour qu’est Dieu, manifesté en Jésus-Christ. Une santé spirituelle et une joie profondes habitent cette « vision » du mystère chrétien : « Le péché est inéluctable, mais tout finira bien, toute chose, quelle qu’elle soit, finira bien – All shall be well ! » Dieu veut notre joie. Les énigmes demeurent des énigmes, mais la joyeuse intrépidité de Julienne est communicative.
L’éditeur suit la traduction de la version longue du Livre des révélations qu’a donnée R. Maisonneuve au Cerf en 1992. Le regroupement thématique des morceaux choisis est heureux et l’introduction fait bien valoir l’inusable jeunesse de ces textes.