Un panorama de la musique contemporaine en un si bref article relève du défi. Je me contenterai de poser quelques petits cailloux blancs dans le dédale d’une création foisonnante. Prenant le risque d’une franche partialité, je vous convie à une petite promenade dans mon « jardin personnel » 1 en compagnie de Jean-Paul II et de sa Lettre aux artistes (1999).
Lorsque Jean-Paul II s’adresse « à tous ceux qui, avec un dévoue­ment passionné, cherchent de nouvelles “épiphanies” de la beauté », il met en exergue de sa lettre un verset de la Genèse : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon » (1,31). Dans le premier chapitre, le pape définit la nature de l’« association » de l’artiste à l’oeuvre du Créateur : « Dans l’homme artisan se reflète son image de Créateur. »
Je crois profondément qu’un musicien fait la musique « selon son coeur » et éventuellement « sur commande ». Les musiciens ne « revendiquent » rien d’autre que la possibilité pour leur oeuvre de dire et de faire ce qu’elle porte. Jean-Paul II ne dit pas autre chose : « Toute forme authentique d’art constitue une approche très vala­ble de l’horizon de la foi, dans laquelle l’existence humaine trouve sa pleine interprétation. » Et si la musique porte une dimension missionnaire, cela se fait à l’insu même de l’artiste.
 

Le monumental Olivier Messiaen

 
« Plus l’artiste est conscient du “don” qu’il possède,
plus il est incité à se regarder lui-même, ainsi que tout le créé,
avec des yeux capables de contempler et de remercier,
en élevant vers Dieu son hymne de louange. »
Jean-Paul II

Olivier Messiaen (1908-1992) – « né croyant », disait-il – reven­dique sa foi catholique : « La première idée que j’ai voulu exprimer [dans mon oeuvre] et de loin la plus importante, c’est l’existence des vérités de la foi catholique. » En effet, de sa première oeuvre (Le Banquet céleste pour orgue en 1928) à sa dernière (Éclairs sur l’au-delà pour orchestre en 1991), il bâtit un immense corpus musical en passant indifféremment de l’orgue (il fut organiste de l’église de La Trinité à Paris pendant soixante ans) à l’orchestre, ou du piano à la voix, à l’opéra (il en composa un seul, et, emblématiquement, sur un sujet religieux : Saint François d’Assise). Inlassablement, il