Respirer, guérir, s’alléger : consentir à ne pas tout exprimer, à la liberté d’une mise à plat du monde pour en laisser affleurer le sel, la résistance et la lumière. Son relief vient à moi sans qu’il soit né de lui. Patience de Dieu et patience des choses, joie de leur indestructible accord à ne rien fausser: «Justesse et sûreté, les œuvres de ses mains, sécurité, toutes ses lois.».
Mieux qu’une accalmie avant l’orage, une oasis de gratitude que rien ne peut aigrir.
«Ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l'avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ.»
Se recueillir en Dieu comme Dieu se recueille dans le tassement des ombres et la blancheur de la lumière.
Le monde devient respirable: là où l’étau du «social» se desserre, le prochain peut prendre place en moi avant même que je ne l’y invite: il y a déjà son assiette avant que je ne le croise. Il est connu de moi en Dieu avant même tout signe de ralliement et de reconnaissance. Creuser et conserver en moi cette liberté qui me fait éprouver l’autre comme l’agrandissement d’une grâce à désirer, la dilatation d’une volonté à purifier.
Se détacher: avoir soif de ce lieu en soi où la douceur de Dieu ne peut être confondue. Laisser tomber la chienlit des respects humains pour agir en Dieu, libre de tout attachement à sa propre violence.

Le fer forgé de la porte: patience, ordre et fantaisie dans les ouvrages de l’homme. Architecture sans prétention.
Phosphorescence pareille à un visage blanc à droite des boules jaunes, vertes et rouges : l’ombre et la lumière jouent au billard avec le porte-manteau.

C’est terminé, mais quels habits s’y suspendront bientôt? Des habits que tout oppose, des habits qui se regarderont en chien de faïence?
On frémit rien que d’y penser!
Revêtons d’abord le Christ, et la vérité des corps ne sera plus noyée sous l’aura des habits.

Claude Tuduri, sj