Vous savez, ma très chère mère, que lorsqu'un prélat s'aime d'un amour sensible, il ne corrige point ses sujets, parce qu'il craint de leur déplaire ; et lors même qu'il les corrige, il les corrige en tenant compte de leur opinion, et non de la vérité. Parfois, parce que leur conduite lui déplaît, il arrive qu'il les corrige selon son opinion. Il ne faut point agir ainsi. Nombreuses sont les voies et les moyens dont Dieu se sert avec ses serviteurs : contentons-nous de voir qu'ils veulent suivre le Christ crucifié. Autrement, loin d'être justes, nous ferions preuve d'injustice. Il ne faut point corriger les hommes selon notre opinion, mais selon les défauts que nous trouvons en eux ; et, élevant doucement notre affection vers Dieu pour lui rendre gloire, ouvrons l'œil de notre intelligence sur ceux qui nous sont soumis, afin de donner à chacun selon ses besoins. Agissez différemment avec chacun, selon son degré de perfection. Sachez condescendre aux besoins du prochain, tout en vous montrant ferme, et en ne manquant jamais de corriger ses défauts, pour quelque raison que ce soit. Me confiant à l'infinie et ineffable charité de Dieu, j'espère que vous agirez de la sorte.