La manie de se comparer aux autres est peut-être ce qu'il y a de mieux partagé dans la nature humaine. Elle apparaît très tôt quand surgit en nous la conscience douloureuse que nos proches sont dotés des aptitudes – ou des vertus ? – qui nous font défaut. Et nous menons ainsi nos vies en nous désolant devant ce que nous imaginons être les prouesses des autres : « Ah ! si seulement je pouvais prier autant, croire autant, aimer autant et me donner autant… » Or, encourager ces pensées, c'est succomber à une tentation subtile qui se nourrit de notre désir de bien faire et nous égare dans un dédale de devoirs mêlés de vains désirs de perfection. C'est là que naît le découragement.
C'est ainsi encombrés d'un sentiment diffus mais tenace de culpabilité que nous allons au-devant du Seigneur. Nous agissons comme s'il exigeait de nous que nous nous présentions à lui avec nos bilans comptables à la main ! Ce faisant, nous projetons en lui une propension à tenir des comptes qui lui est pourtant étrangère. En Dieu, il n'y a ni calculs ni comparaisons.
Pour bien faire, nous devrions bannir de notre dictionnaire ce qui relève de près ou de loin du vocabulaire comptable car nous ne sommes pas appelés à être « plus ceci… » ou « moins cela… ». Notre habitude à nous avancer vers l'autel les bras chargés de nos bonnes actions et la conscience lourde des mauvaises a des airs de pratique sacrificielle. Or, le Seigneur ne veut pas de nos sacrifices. Il veut juste que nous lui accordions une place dans nos vies…
Pour cette rentrée, pourquoi ne pas noter dans nos agendas les paroles du prophète Michée (Mi 6,8) : « Le Seigneur t'a fait savoir ce qui est bien, ce qu'il réclame de toi, rien d'autre que pratiquer la justice, aimer la bonté et marcher humblement avec ton Dieu. »