Pasteur luthérien, théologien de premier plan, résistant contre le Troisième Reich, mort en martyr au camp de concentration de Flossenbürg, Dietrich Bonhoeffer est une figure majeure de l'histoire de l'Église au XXe siècle. Son témoignage est celui d'un don de soi. Sa lucidité et son engagement, qu'il a payés au prix fort, se révèlent être d'une fécondité exemplaire : l'offrande de sa vie, qui ne peut que susciter respect et admiration, tend à faire croître ce qui, en nous, est vivant. « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime » (Jn 15, 13), dit Jésus à l'orée de sa Passion. En tant que disciple du Christ, Bonhoeffer a voulu que sa vie donnée soit source d'amour et de vie. Et pourtant, les choix qu'il fit ne laissent d'interroger. La place d'un pasteur, d'un théologien, d'un chrétien même, est-elle dans une conjuration visant à assassiner un tyran ? Était-ce sa mission de sauver des vies, des millions de vies, de cette façon-là, en tentant le tout pour le tout ? Quelle est la réelle fécondité d'un tel sacrifice ? Quelles en sont les limites ? Afin de nourrir notre méditation autour de cette figure remarquable et de ses choix éthiques radicaux, il