L'auteur est jésuite, ancien professeur au centre Lumen Vitæ (Bruxelles). Son propos poursuit une double finalité. La lecture chrétienne spontanée du Premier Testament tend à considérer des textes bibliques comme d'emblée « messianiques ». Jésus serait alors le Messie entrevu par des prophètes devins. Or, l'examen du contexte historique initial des textes fait sortir d'une apologétique qui omet la quête de leur sens littéral. Sans vouloir reconstituer une histoire du messianisme, l'auteur souhaite retracer chronologiquement l'émergence de l'idée messianique : depuis le temps des rois qui reçoivent l'onction jusqu'à la fin du Ier siècle. Il entend, sur cette toile de fond, examiner le messianisme de Jésus, le second but de l'ouvrage. Pour ce faire, il met en avant les textes retenus par la tradition chrétienne.

L'attente messianique multiforme est une expression parmi d'autres de l'attente juive au Ier siècle, « dans un pourcentage minime de l'ensemble de la littérature » (p. 284). Le concept n'est pas central dans les textes juifs au tournant de notre ère et il n'existe pas de « modèle normatif » accepté par tous les Juifs au temps de Jésus. Ils attendent des figures différentes (royale, sacerdotale, prophétique).

L'auteur, dans cet ouvrage informé, en forme d'état de la question, permet ainsi de mesurer comment la question messianique résonne dans le Nouveau Testament. Jésus pensait-il être le Messie ? Ses contemporains l'identifiaient-ils ainsi ? Après la mort et la résurrection de Jésus, pourquoi les premiers disciples l'ont-ils nommé « Jésus Christ », voire simplement « Christ » sans article, à l'instar de l'Apôtre Paul ? « Pour eux, Jésus est le Messie » (p. 275).

« La notion de “messie” […] est la résultante d'une longue évolution, depuis les premières expressions de l'idéologie royale jusqu'à la proclamation chrétienne » (p. 277). L'idée messianique ressemble à des matériaux de construction (des versets ou des passages bibliques) qui peuvent être agencés de différentes manières. Il n'y a pas « un » portrait de Messie et aucune autorité susceptible de statuer théologiquement sur la « plasticité des représentations » (p. 275).

Le panorama proposé pourra aider des lecteurs déjà familiers de la Bible, soucieux d'une lecture enracinée historiquement. Il resitue des textes clés de la tradition chrétienne dans leur contexte historique présumé. Il aide à comprendre ce qu'est l'accomplissement des Écritures.