Le confinement a eu au moins un effet positif à propos de la messe et pour la comprendre : il a montré que les absents, ceux qui ne sont pas là physiquement dans la célébration (on ne sait trop pourquoi, en général), y tiennent une place en réalité cruciale. Parce qu'au plus fort de la pandémie, certains n'étaient pas présents alors qu'ils auraient voulu l'être, l'attention que toute assemblée est appelée à avoir vis-à-vis de ses membres absents – qu'ils le soient volontairement ou non – a été remise au premier plan. Examinons donc de plus près ce qui se passe entre ceux qui sont là dans les églises quand on fait mémoire de la Pâque du Seigneur, et ceux qui n'y sont pas. Autour de ce point, en effet, se joue, en partie au moins, le sens de ce qui est célébré.

Accueillis dans la Pâque du Christ

Commençons par ceux qui sont là, qu'on appelle les pratiquants ou les fidèles. En entrant dans l'église, ils entendent à nouveau l'invitation à s'associer à la Pâque du Christ, à s'y laisser embarquer : le signe de la croix, tracé d'emblée par eux sur leur propre corps, ouvre en effet le temps de la liturgie.

Et quand ils viennent célébrer l'eucharistie, ils s'apprêtent à rendre grâce à Dieu. C'est là le sens littéral de ce mot « eukharistia » qui, en grec, veut dire d'abord « reconnaissance ». Participer à la messe, c'est exprimer sa reconnaissance pour le don de Dieu. Cet élément clé est clairement explicité dans les préfaces des prières eucharistiques où, à chaque fois, on rappelle pourquoi les croyants rendent grâce. Les raisons invoquées peuvent varier, mais elles trouvent toutes leur source dans la Pâque du Christ : c'est à cause d'elle que nous rendons grâce. Or ici, quelque chose de curieux se produit : si le but de l'eucharistie est de rendre grâce, la messe devrait pouvoir se terminer avec le Sanctus, ce chant d'acclamation dans lequel les croyants expriment leur allégresse en réponse