« Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ?» Cette célèbre question, ce sont les «juifs» qui se la posent à eux-mêmes après avoir entendu, de la bouche de Jésus, le non moins célèbre et bouleversant discours du pain de vie (Jean 6,52).
 
Cette question est aussi parfois la nôtre, et si elle ne l’est pas, c’est que nous nous sommes peut-être trop accoutumés à vivre le sacrement de l’eucharistie ; comme si l’affirmation : «Ceci est mon corps», était devenue pour nous anodine. Or, comme l’explique patiemment et passionnément Emmanuel Falque dans son livre Les noces de l’agneau (Cerf, 2011), en disant cela, Jésus et l’Église à sa suite au sein de l’eucharistie assument notre corps tout entier, dans ce qu’il a d’animal et de sexuel, dans ce que l’organique et l’érotique ont de chaotique et de constructif à la fois. Car dans le « Ceci est mon corps », il y va du don total que s’échangent les époux dans leur union comme de l’engagement de tout homme et de toute femme pour le Royaume.

« Qui fait l’ange fait la bête », disait Blaise Pascal. Emmanuel Falque nous rappelle que si nous parvenons à intérioriser pleinement le « Ceci est mon corps », nous sommes assurés de n’être ni anges ni bêtes, mais pleinement hommes, femmes, sans craindre que s’expriment en nous les excès du corps et de l’esprit.