coll. « Visages du Moyen Age », 1999, 295 p., 290 F.
L'ange est ce que l'homme n'est pas. Tel est le fil d'Ariane de l'admirable essai d'Yves Cattin (auquel Philippe Faure, angélologue réputé, vient prêter main-forte par son commentaire d'une imposante iconographie). Tandis que l'homme moderne se définit d'abord en fonction de l'animal ou de la machine, l'homme médiéval le faisait spontanément en fonction de Dieu et de ses anges. C'est dire, en creux, le sens prioritairement ténébreux que le moderne donne à l'existence et, à l'inverse, le sens d'emblée lumineux à quoi le médiéval conférait ses faits et gestes, même si Satan (qui a donné lieu assez tardivement aux délires imaginatifs que l'on sait) n'est jamais bien loin, comme le péché. Ainsi, parler des anges, c'est toujours parler des hommes, et singulièrement de la manière dont ils se rêvent. Les fréquenter, au Moyen Age, faisait partie intégrante, surtout dans les milieux monastiques, de la contemplation : tout un art du silence, du secret, bref de la rencontre vraie avec Dieu, se jouait là.
Sur ces bases, l'auteur, dans un langage résolument moderne, dense et limpide, expose les différentes façons dont les garants de la plus haute rationalité (d'Anselme de Cantorbéry à Thomas d'Aquin, en passant par Bonaventure, tous imprégnés de Denys l'Aréopagite) ont inscrit l'angélologie dans leurs pensées respectives. Il en ressort que les anges désignent aux hommes trois points d'attention fondamentaux : la communication, la liberté et l'incarnation. Certes, avec la venue de Jésus Christ, plus n'est besoin des anges comme médiateurs entre les hommes et Dieu. Pour autant, le Christ, selon les médiévaux, ne pouvait à lui seul remplir l'univers : il fallait qu'il y fût assisté de cohortes angéliques toujours sur le qui-vive pour indiquer aux hommes le bon chemin.
A la Renaissance, les anges se sont faits gardiens, congédiant par là leur radicale alterné par rapport à l'homme, lequel finira par inverser les termes en cherchant à « faire l'ange », jusqu'à organiser les pires crimes de masse.. A notre époque dite « post-moderne », les anges sont de retour : leur apparence a pu changer depuis le Moyen Age, mais leur message est de toujours.
L'ange est ce que l'homme n'est pas. Tel est le fil d'Ariane de l'admirable essai d'Yves Cattin (auquel Philippe Faure, angélologue réputé, vient prêter main-forte par son commentaire d'une imposante iconographie). Tandis que l'homme moderne se définit d'abord en fonction de l'animal ou de la machine, l'homme médiéval le faisait spontanément en fonction de Dieu et de ses anges. C'est dire, en creux, le sens prioritairement ténébreux que le moderne donne à l'existence et, à l'inverse, le sens d'emblée lumineux à quoi le médiéval conférait ses faits et gestes, même si Satan (qui a donné lieu assez tardivement aux délires imaginatifs que l'on sait) n'est jamais bien loin, comme le péché. Ainsi, parler des anges, c'est toujours parler des hommes, et singulièrement de la manière dont ils se rêvent. Les fréquenter, au Moyen Age, faisait partie intégrante, surtout dans les milieux monastiques, de la contemplation : tout un art du silence, du secret, bref de la rencontre vraie avec Dieu, se jouait là.
Sur ces bases, l'auteur, dans un langage résolument moderne, dense et limpide, expose les différentes façons dont les garants de la plus haute rationalité (d'Anselme de Cantorbéry à Thomas d'Aquin, en passant par Bonaventure, tous imprégnés de Denys l'Aréopagite) ont inscrit l'angélologie dans leurs pensées respectives. Il en ressort que les anges désignent aux hommes trois points d'attention fondamentaux : la communication, la liberté et l'incarnation. Certes, avec la venue de Jésus Christ, plus n'est besoin des anges comme médiateurs entre les hommes et Dieu. Pour autant, le Christ, selon les médiévaux, ne pouvait à lui seul remplir l'univers : il fallait qu'il y fût assisté de cohortes angéliques toujours sur le qui-vive pour indiquer aux hommes le bon chemin.
A la Renaissance, les anges se sont faits gardiens, congédiant par là leur radicale alterné par rapport à l'homme, lequel finira par inverser les termes en cherchant à « faire l'ange », jusqu'à organiser les pires crimes de masse.. A notre époque dite « post-moderne », les anges sont de retour : leur apparence a pu changer depuis le Moyen Age, mais leur message est de toujours.