« La foi se ressent, on sait ce que c’est. La charité se pratique, on sait ce que c’est. Mais qu’est-ce que l’espérance ? », s’interrogeait récemment le pape François. Voici une méditation, légère et grave à la fois, qui cherche à serrer au plus près cette dimension si mystérieuse de l’expérience chrétienne. L’auteure commence par recueillir diverses expressions actuelles de l’espérance, quelques-unes de ses formes, très simples, souvent non religieuses, dans un monde qui se veut pourtant désenchanté. Elle revisite ensuite, de manière fort suggestive, quelques figures bibliques qui donnent un visage propre à l’espérance chrétienne et son fondement évangélique : Jésus Christ mort et ressuscité. Elle poursuit en lançant un vibrant appel à revisiter l’espérance chrétienne, à dépoussiérer un langage religieux parfois trop convenu pour trouver des « mots qui parlent aujourd’hui », avant de dessiner les chemins possibles de l’espérance au coeur de ce « grand tourment » qu’est la maladie mentale.
Deux qualités majeures sont à porter, selon moi, au crédit de cet ouvrage. La qualité de l’écriture d’abord : une écriture simple, tranquille, belle, avec des fulgurances poétiques ; et le partage généreux des propres trésors de lecture de l’auteure, avec des citations riches et inspiratrices... L’ancrage de cette écriture ensuite dans le réel et une expérience très concrète : l’auteure a rencontré de près des personnes malades de troubles psychiatriques, leurs familles, leurs aumôniers ; et son expérience vient très directement lester tout son propos. L’espérance ici ne se paie pas de mots et ne précède pas l’expérience difficile dans laquelle précisément elle se découvre et se nomme peu à peu, comme à tâtons. Dès lors, les mots de Monique Durand-Wood devraient particulièrement aider ceux qui, patients, parents de malades, aumôniers, ou simplement croyants en quête d’espérance, cherchent eux aussi à laisser un réel difficile « désaltérer l’espérance ».
 
Emmanuelle Maupomé