Les auteurs de cet ouvrage collectif, qui se veut comme un manifeste, se placent sous le patronage de Jean Bastaire qui, avec son épouse Hélène, fut un des pionniers, en France, d’une réflexion théologique sur l’écologie. La particularité de ce volume est de croiser les disciplines, approche globale pour un problème global, dans une perspective résolument théologique. En effet, trop souvent les approches théologiques se spécialisent, les rendant peu audibles : ici, le projet se rapproche de ce qui est fait depuis plus de trente ans dans les pays anglo-saxons (je pense à la « théologie du carbone » de Michael Northcott, par exemple). Ce livre se pose comme « un ouvrage de conviction », et il faut le prendre comme tel : une brèche qui va au-delà des discours de principe. Il s’agit, dans une première partie, de justifier l’originalité de la parole chrétienne dans le débat sur l’écologie, puis d’en recenser des sources intellectuelles (Pères de l’Église, Jean Paul II, Gaston Fessard sont ainsi convoqués), pour enfin aborder quelques « mises en pratique ». Certes, on reste sur sa faim – par exemple avec l’absence d’une contribution sur l’héritage biblique en tant que tel, d’une discussion de la notion de « reliance » mise en avant en lieu et place de celle d’« alliance » ou d’une explicitation du titre pourtant remarquable –, mais sans doute est-ce un des objectifs de ce petit livre, stimulant pour ceux qui souhaitent approfondir et s’orienter dans un sujet qui touche à notre être de créature.
Frank Damour