Les religions, notamment la religion catholique telle que l’incarne aujourd’hui le pape François appuyé sur la doctrine sociale de l’Église, peuvent-elles abattre le mur de l’argent et neutraliser son principal instrument d’aujourd’hui, la domination numérique ? Rebondissant sur quelques chiffres coups-de-poing et l’évocation de rencontres avec les « grands » (financièrement) de ce monde, Édouard Tétreau fait le pari d’une réponse positive. Ni le cynisme sans âme des marchés laissés à eux-mêmes, ni les palinodies écologiques et sociales des États ne sont à la hauteur de l’enjeu mis au jour par la dernière encyclique Laudato Si’. L’auteur préconise au final l’utilisation par la société civile du pouvoir financier coulé dans le bronze des investissements humainement responsables (inspirés par le Bien commun et le double principe de solidarité et de subsidiarité, dont l’auteur trouve – non sans quelques simplifications – des parentés dans les principales religions du monde). L’ouvrage se lit facilement : bien écrit, il ouvre des pistes de réflexion avec la légèreté d’un bon article de magazine économique, tout en abandonnant aux lecteurs le soin de faire le travail spirituel essentiel, la conversion de leurs motivations pour aimer le monde à la manière du Christ.

Étienne Perrot