Desclée de Brouwer, coll. « Les chemins du sens », 1999, 171 p., 105 F.

Etre maître de soi serait, pour l'homme contemporain, un idéal. Mais un tel idéal, rappelle Jacques Arènes, risque d'occulter cette part de faiblesse qui habite, qu'on le veuille ou non, chacun de nous : faiblesse de l'enfant qu'on a été., et qu'on reste encore bien souvent, faiblesse du malade ou du vieillard, faiblesse éprouvée un jour ou l'autre devant les imprévus qui viennent bouleverser l'existence et, finalement, devant la mort inéluctable...
La tentation est de vouloir ignorer cette faiblesse, de méconnaître toute cette part de nous-mêmes qui nous inquiète ou nous fait peur..., bref de refouler tout ce qui risque de déranger « notte belle ordonnance »... Un tel refoulement ne va pourtant pas sans inconvénients : névrose, dépression, maladie dite « psychosomatique », sont là pour rappeler qu'on ne peut impunément exclure toute une part de l'existence. Cette « faiblesse », qu'on voudrait ignorer, ne faut-il pas, au conttaire, la reconnaîtte, l'accepter, l'accueillir même, pour libérer les puissances de vie qui, autrement, demeureraient bloquées, étiolées, stérilisées ?
La psychanalyse nous indique ici une voie qui, souligne l'auteur, rejoint celle de l'Evangile, dans la mesure où elle appelle à un certain détachement, à une humilité, à une pauvreté qui libèrent l'homme de tout ce qui l'empêche de vivre vraiment, de goûter le simple « bonheur d'exister », et finalement de Uouver la joie.
Par de nombreux exemples tirés de sa pratique d'analyste, Arènes invite le lecteur à s'engager sur cette voie et à s'ouvrir à cette liberté, « liberté des enfants de Dieu », puisqu'aussi bien la psychanalyse fait écho, à son niveau, à la phrase de l'Evangile : « Si vous ne. redevenez pas comme des enfants, vous n'entterez pas dans le Royaume ! »