La culture européenne est traversée par l'évidence de la non-existence de Dieu. Si la quête spirituelle est encore vivante, la lisibilité sociale des religions est en perte de vitesse. Dans ce contexte, la subjectivité de la foi n'a rien à voir avec ce qu'elle fut. La formule du philosophe Georg Simmel évoquant l'univers de Rembrandt, premier peintre à figurer, selon lui, la modernité sans Dieu, récapitule la condition croyante contemporaine : « Les gens ne sont plus dans un monde religieux objectif ; ils sont subjectivement religieux dans un monde objectivement indifférent » 1.
Le narcissisme du croyant est provoqué par l'agnosticisme commun. La religion n'étant qu'une perspective parmi d'autres, l'univers de la religion est rapatrié dans le for interne de chaque croyant, avec un clivage de plus en plus marqué entre ce for interne et la culture extérieure vide de symbolique religieuse explicite. Le chrétien vivra au sein de sa paroisse, s'il en a une, des temps d'affiliation communautaire de sa foi, mais le quotidien des jours est affronté à l'évidence de la « non-foi ». La foi se déploie de moins en moins dans le cadre de croyances partagées, mais surtout dans l'affirmation vitale d'un trajet personnel, recherchant sa validation dans des rencontres singulières avec des accompagnants en qui le sujet a mis sa confiance.
 

La réassurance de la rencontre