Le livre de Thierry Monfils est une mine pour qui s'intéresse au père Joseph Wresinski et à son engagement envers les plus pauvres. Il est la deuxième édition revue et augmentée d'une publication de 1994. Par cette nouvelle édition, l'auteur donne accès à un grand nombre d'homélies du père Joseph, archivées au Centre Joseph-Wresinski de Baillet-en-France, lieu de mémoire du mouvement ATD – quart-monde.
Joseph Wresinski disait que sa vocation sacerdotale est née de la vision unitive de Dieu et des très pauvres, qui a mûri en lui. Cette intuition mystique le conduit à une vie partagée, une recherche sociale intense et une réflexion théologique très originale. L'ouvrage de Monfils se penche sur la dimension théologique. Il est composé de deux parties. La première, intitulée « Une pratique chrétienne dans un projet de civilisation », s'intéresse à la vie et à l'œuvre du père Joseph, prêtre du peuple de la misère. Elle fait découvrir son parcours et son projet : partir des derniers, des plus abandonnés des hommes, pour revisiter la vie en société et la vie chrétienne. La seconde partie, beaucoup plus longue, intitulée « Tous prêtres par Jésus Christ », se focalise sur la théologie du sacerdoce élaborée par le père Joseph. L'auteur met en lumière que pour Wresinski, « toute l'humanité est "chargée de sacerdoce", consacrée à Dieu pour le service des pauvres ». Le sacerdoce est interprété comme une vie livrée où la personne choisit de recevoir l'amitié des très pauvres et de se lier à eux pour, avec eux, devenir serviteur, médiateur, offert à Dieu qui restaure chacun dans sa dignité, afin de devenir ensemble témoins de l'Évangile.
Cette somme appelle une lecture de longue haleine, une patiente étude pour entrer dans la pensée singulière et parfois paradoxale de ce grand témoin de la foi. Pour faciliter la recherche, on pourra regretter que le volume ne propose pas un index permettant de retrouver aisément les thèmes centraux de la pensée de Joseph Wresinski. La version numérique, dont la publication est annoncée, permettra probablement de pallier cette limite.