On fronce un peu les sourcils en ouvrant ce livre de quatre cents pages écrit par un presque jeune homme ayant à peine quinze ans de vie monastique. Le lecteur honnête commence à lire et, très vite, il est conquis par la simplicité du ton. L'auteur n'a pas trouvé d'alibi pour se répandre. Il souhaite partager seulement les motivations de son choix si extraordinaire, à une époque où nombreux sont ceux qui souhaitent faire de leur vie une expérience authentique, mais en restant leur propre père abbé. Au fil des pages, l'impression se confirme. L'auteur se laisse lire et donne l'impression qu'il est en train de nous faire visiter le monastère, en entrant sans effraction dans son intimité. Le plan de sa visite est bien pensé. Avec beaucoup d'à-propos, le frère nous décrit les lieux conventuels. Puis, il nous dirige vers le quasi-miracle de la vie communautaire, pour aller ensuite plus profondément aux abords du « cœur » du moine (qu'on ne visite pas), face à lui-même et face à Dieu. Beaucoup ressortiront de cette visite avec la conviction que la vie monastique est le pari le plus fou de toutes les figures d'Église ; et qu'en même temps, tout ce qui est dit dans ce livre vaut pour toute aventure humaine, quelle qu'elle soit. Le cloître est un joyeux laboratoire d'humanité ! Au moment où les communautés contemplatives ont des raisons sérieuses de s'inquiéter pour leur avenir (en effet, celui qui a grandi, son portable à la main, saura-t-il durer dans le silence et la stabilité d'un lieu ?), ce livre sera accueilli comme un signe d'espérance.

« Mettre Dieu à la première place, c'est encore renoncer à réserver celle-ci pour soi-même. J'aimerais que ce soit aussi le cas dans ces pages où je livre un peu de ma propre expérience. » Pari réussi. Vœu exaucé.