Dans l'économie, le temps est en général considéré comme une ressource. Pourtant, il peut être vécu tout autrement, comme le temps qui ouvre un nouveau possible, le temps de l'inattendu et le temps de l'alliance.

« Le temps est de l'argent », c'est une phrase qu'on entend habituellement dans le domaine économique. Car le temps est considéré en économie comme une ressource à optimiser. Il faut faire vite pour produire plus en moins de temps possible. Et si on introduit des temps de repos et de détente, c'est pour rendre plus efficace le temps de travail.

Une autre approche du temps est pourtant possible en économie. Pour la présenter, nous partirons de la notion du temps et de la distinction faite en grec entre le chronos et le kairos. Cette distinction permet de faire la différence en économie entre fabriquer et créer. À partir du kairos, se dégagent deux postures face à l'avenir : anticiper ou accueillir l'inattendu. Cette double posture peut être déclinée également en termes économiques, en distinguant le résultat à maximiser du processus à initier. Enfin, la valorisation de l'inattendu permet de différencier deux types de finalité : la maîtrise et l'habilitation. Elles seront traduites en deux sortes de relation économique : le contrat et l'alliance, pour arriver ainsi à ébaucher une autre approche du temps en économie – le temps de la création, du processus et de l'alliance.

Le kairos, le temps de la création

En grec, le chronos est le temps qui se mesure : celui des agendas, des montres, des calendriers… C'est le temps à optimiser, à ne pas perdre. Or, le grec a un autre mot pour parler du temps : le kairos. Il désigne le temps favorable, le moment opportun, le temps de grâce. Si le chronos dit la mesure du temps, le kairos dit son contenu, sa signification. Le kairos renvoie toujours à un présent qui émerge soudainement, ouvert sur