Albin Michel, 2009, 270 p., 18 euros.
 
Peu à peu, l’opinion a fini par faire connaissance avec le mouvement des cercles de silence lancés voici quelques années à Toulouse. L’initiative est simple : rester pendant une heure en silence sur une place publique pour protester contre les conditions de rétention administratives réservées actuellement aux sans-papiers. Pas de cris, pas de banderole, seule brille une petite lanterne au centre du cercle. D’une manière symbolique, ce geste de protestation entend manifester à sa manière une vraie solidarité avec les plus démunis de notre société.
À travers un dialogue avec Chris­tophe Henning, le franciscain Alain Richard, fondateur des cercles, s’ex­plique sur le sens de son combat. Si le courant de la non-violence s’est surtout illustré à travers les grandes figures de Gandhi, Martin Luther King ou Lanza del Vasto, il trouve ici de nouvelles formes en puisant à la source francis­caine. Avec une belle franchise, Alain Richard évoque ses années passées auprès des pauvres du Guatemala et dans les quartiers pauvres de Chicago, croisant ainsi des expériences diverses. Alternant réflexions personnelles et conversations avec son interlocuteur, il dessine une sorte de géographie de l’engagement contre la violence et l’in­justice, tout en partageant son sens de la prière incarnée.
Protestation de la conscience et de la liberté, les cercles de silence ne sont pas des groupes de prière. Leur spécificité première est en effet de pouvoir ras­sembler des personnes de sensibilités différentes : croyants ou non, militants associatifs ou religieux, acteurs de l’hu­manitaire ou du caritatif. Étonnantes retrouvailles, pourtant, où, dans le si­lence même, l’athée côtoie celui qui croit, où l’indifférent se retrouve à côté d’un prêtre… Comme si un espace de citoyenneté laïque pouvait favoriser, dans le secret des coeurs, une véritable expression spirituelle. Jusqu’à la prière, pour certains.