Se souvenir de comment l'on priait, c'est un peu comme se souvenir de comment on aimait. Difficile. On ne sait plus trop ou l'on n'ose pas chercher dans sa mémoire, farfouiller dans son cœur. On faisait bien comme on pouvait, on aimait mal sans doute, mais on aimait. Je crois que c'est comme cela que je priais, avant. Parfois, avec des passions, des élans, comme ce jour de soleil au milieu du Sinaï, en Égypte, au monastère Sainte-Catherine, où, portée par la majesté du lieu, sa symbolique, il m'avait semblé sentir quelqu'un près de moi. Avec moi. Je priais dans des moments de désespoir aussi, avec des mots brouillés de larmes. Je priais comme on implore. J'avais encore de ces petites prières qu'on lance presque en passant, comme un salut furtif, comme on va voir quelqu'un qu'on aime bien, mais on a plus drôle à faire, d'autres choses à vivre, alors je file, mais je suis là, tu sais. Ah bon ? Mais oui. D'autres prières enfin me venaient pour pas grand-chose, au moment où l'on passe un examen, au moment où l'on a peur que l'avion tombe, quand arrivent les turbulences.

Traverser des zones de turbulence

Puis j'ai connu des turbulences. Elles ont surgi d'un coup, comme un semblant de chute. La peur immense face à la