Aumônier d'étudiants en école préparatoire et dans le réseau « Chrétiens en Grande Ecole » à Paris, j'ai été envoyée à Reims pour la rentrée de septembre 97, à l'appel de l'archevêque. Sa demande : renforcer l'équipe d'aumônerie composée de deux prêtres, et travailler à la croissance de l'aumônerie pour rejoindre davantage d'étudiants et être une force de proposition. En fait de renfort, je devins le second aumônier avec P., prêtre diocésain, à ce poste depuis vingt-trois ans et pour une année encore. Deux années de transition en perspective, où je devrais faire le lien. Pas évident dans une région que je ne connaissais pas, sans expérience de la vie de province en dehors des vacances.
Premier objectif : découvrir l'aumônerie et le monde étudiant sur Reims pour m'y intégrer au mieux et répondre à la mission confiée. Je pris donc le train prévu par le précédent binôme et le conseil d'animation des étudiants. Riche d'une longue expérience auprès des jeunes dont, en dernier lieu, celle de l'aumônerie, je découvris bien vite que j'avais encore tout à apprendre en évitant toute comparaison et tout transfert. D'ailleurs, on m'a fait comprendre qu'ici on n'était pas à Paris... J'ai dû entrer dans un projet qui n'était pas le mien, et me faire à des habitudes et des manières d'agir différentes. Chacun réagit à sa façon, et j'aurais pu paisiblement me contenter de ce qu'il y avait ; mais ce n'est ni dans ma nature, ni dans la compréhension de ma mission. D'où l'impression d'être plus souvent entre deux wagons que dans une locomotive ! Impression renforcée par le type d'accueil reçu : excellent de la part de P. et de tout un environnement ecdésial (j'arrivais avec une bonne réputation et pour partager la même mission) ; plus mitigé, au premier abord, de la part des étudiants, parmi ceux qui étaient là avant moi. La confiance ça se gagne mais de surcroît ! Pour donner le meilleur d'eux-mêmes, il faut qu'aumôniers et étudiants trouvent leur juste place. Cela exige un discernement permanent à partir du vécu quotidien, de l'analyse de ce qui se passe, des réactions des étudiants, de ses motions intérieures.
 

Créer des liens


Après une longue édipse, Reims est redevenue ville universitaire pour la région Champagne-Ardennes dans les années 60-70. Trois campus, à la périphérie de la ville, éloignés les uns des autres : sdences, lettres et droit, CHU, l'Ecole supérieure de commerce et, loin de tout, de nouvelles écoles d'ingénieurs, à petit effectif, soit, environ, 28 000 étudiants. Une seule aumônerie, près du centre-ville. Des locaux, loués au diocèse, dans la maison diocésaine, indépendants et à notre usage exclusif. A première vue, spacieux : un avantage dont ne jouissent pas toutes les aumôneries.
Septembre 97 : heureuse surprise ! Un grand nombre d'« andens » se retrouvent chaque semaine à l'aumônerie, un mois avant la rentrée offidelle ! Ils aiment leur aumônerie, heureux d'être ensemble chez eux. Groupe joyeux, dynamique, motivé. Je découvre avec plaisir cette ambiance chaleureuse, conviviale, qui reste le point fort de ce lieu, tout au long de l'année, alors que les effectifs sont importants.
Au bout de quelques semaines, j'ai ouï dire que l'aumônerie n'est pas accueillante : des jeunes y sont allés une fois, et bien déddés à n'y plus remettre les pieds. Et ces propos courent depuis plusieurs années... En faut-il beaucoup pour colporter rumeurs ou ragots ? Il est vrai que si je ne prends pas l'initiative d'aller à la renconue des étudiants, certains ne me voient pas, pressés qu'ils sont d'embrasser leurs amis. Mais l'aumônier est situé autrement ! J'observe et comprends d'où peuvent venir ces jugements. Même des andens se connaissent peu, mal ou pas du tout passant à côté de la richesse de cet étonnant brassage à l'aumônerie : diversité des formations, origines, âges, sensibilités. Ils se retrouvent par affinité, bandes de copains, peu attentifs aux autres, en particulier aux nouveaux. Si ces derniers sont choqués par ces retrouvailles où ils n'ont pas encore leur place et ne font pas l'effort d'un premier petit pas, ils se retirent en conduant au manque d'accueil.
Pour les andens, l'aumônerie est le lieu où se rencontrer, se faire des amis et les retrouver. Anonymat, individualisme marquent les campus, et même les résidences. Ce ne sont pas des lieux de vie. Certains m'ont dit n'avoir pas d'amis dans leur promotion. S'ils en ont à Reims, c'est par l'aumônerie Avant tout désireux de se retrouver entre connaissances, ils se montrent peu empressés d'accueillir de nouveaux venus et résistent à mes invitations à se mélanger. Avec P., nous avons été plus attentifs à aller au-devant des nouveaux qui chaque semaine se présentent. J'y ai sensibilisé quelques étudiants et tout le conseil. C'est un de nos objectifs prioritaires, dont déjà nous pouvons, avec joie, voir des fruits : feed-back extérieur positif (indicateur prédeux), flux plus important et régulier, en centre-ville comme sur les campus, satisfaction des étudiants. Le premier objectif, nous le tenons bien : « Etablir des liens. »
Les étudiants incroyants ou d'autres confessions trouvent aussi leur place et se sentent bien. Parmi les associations d'étudiants, l'aumônerie est une des plus nombreuses et vivantes. Et c'est une joie. Mais il faut travailler davantage avec le conseil pour que ce lieu soit plus qu'un cocon où prédomine l'affectif, le « bien-être-ensemble ». Il est important que les étudiants catholiques se retrouvent entre eux et en soient heureux : réaction normale de personnes qui, ailleurs, se sentent plutôt minoritaires, isolées. Mais il y a le risque de s'enfermer. Aussi faut-il favoriser tout ce qui développe l'altérité, la rencontre de l'autre différent, à commencer par les échanges en petits groupes certains mercredis, les temps forts avec d'autres en dehors de l'aumônerie : week-ends régionaux, rassemblement à Taizé, pelé à Chartres, échanges avec l'aumônerie de Trêves...

Une communauté qui célèbre


« La communauté chrétienne étudiante est un lieu de prière et de préparation aux sacrements. Elle a sa source dans le partage de la Parole et de l'Eucharistie. » C'est la tradition : le mercredi soir, l'aumônerie se rassemble pour l'eucharistie, suivie d'un repas préparé à tour de rôle par des volontaires ; après la vaisselle, une soirée thématique, trois fois sur quatre, et une soirée libre par mois, plus suivie d'ailleurs ! Les messes sont toujours joyeuses, priantes. On y chante beaucoup, grâce à un bon groupe de musiciens. On prend son temps pour célébrer. Les homélies sont écoutées et apprédées. C'est même pour nous, aumôniers — qui alternons —, un des moments uniques et privilégiés d'une parole forte, quf nourrit foi et vie spirituelle. A l'issue, salutations, échanges permettent de rencontrer ceux qui repartent, dont certains ne viennent qu'à la messe. Un jour, ils franchissent le seuil de l'aumônerie. D'autres n'arrivent qu'après, parfois en raison de cours tardifs.
Que l'eucharistie soit le temps fort qui déplace et rassemble en si grand nombre les étudiants (environ 130 chaque semaine, pas toujours les mêmes pour une moitié) me réjouit. L'aumônerie est un lieu d'Eglise où vivre sa foi. « L'Eucharistie fait l'Eglise » : c'est vrai de notre communauté. Elle la rassemble, la fonde, la forge, d'une certaine façon. Mais il y a des réserves à faire. Pour certains, c'est leur « messe dominicale ». L'aumônerie leur tient lieu de paroisse. Leur vie et leur engagement d'Eglise sont enclos dans ce temps. Ne pas s'en contenter et faire évoluer cette réalité demande discernement, prudence et patience. Ici, les étudiants ont eu des aumôniers prêtres (jusqu'à trois il y a quelques années !), et cette tradition du mercredi est de toujours, elle est sacrée ! On ne change pas facilement une habitude sans déstabiliser et provoquer tensions, regrets. C'est la messe qui les rassemble !
Notre nouvel aumônier est aussi curé, et ne peut être là chaque mercredi. En conseil, nous avions considéré que l'eucharistie n'est pas la seule manière de se rassembler, de prier, de faire communauté. Les absences de V. nous obligeraient à vivre autrement, à découvrir autre chose. Vues d'adultes ! C'est très mal perçu par les jeunes, y compris une partie du conseil. Pression très forte pour trouver un prêtre à chaque absence. Après quatre mois, un compromis est trouvé : une absence sur deux, je cherche un célébrant.
Il avait semblé nécessaire à nos prédécesseurs d'ouvrir les étudiants à une vie ecdésiale qui ne réduise pas l'Eglise au côté « sympa » et « convivial » de l'aumônerie. D'où le projet de se relier à une paroisse, en principe la plus proche, qui déjà nous accueillait. Le choix de Saint-André, assez éloigné de l'aumônerie, a d'abord surpris et gêné. Mais le fait que son nouveau curé soit aussi le nouvel aumônier facilite nos premiers petits pas. La messe de rentrée des étudiants y a été célébrée suivie d'une collation amicale avec les paroissiens. La confirmation y sera aussi célébrée. L'école de la Parole se vit dans la chapelle de la maison paroissiale. Des temps forts en commun sont prévus : un pèlerinage à Rome, deux « week-ends prière ». Aujourd'hui, des étudiants partidpent à la vie de cette paroisse plutôt que de rester isolés. Ils sont bien accueillis. Quelques-uns s'engagent de façon régulière ou ponctuelle.
Il a fallu, de part et d'autre apaiser les peurs, notamment de perte d'identité et d'existence propre. J'ai fait mon possible pour que l'aumônerie garde sa spécifidté, à commencer par son lieu de vie qui devait être davantage habité. Cela se fait grâce à la création d'un emploi-jeune permettant une large ouverture des locaux, des animations impossibles autrement la naissance de projets et d'initiatives concrètes, en plus des rencontres informelles. Actuellement, les craintes sont tombées : nous sommes heureux de la façon dont les choses se passent et de l'intérêt porté aux étudiants.
 

Un lieu de formation humaine et chrétienne


A mon arrivée, c'était le point faible. Les aumôniers mettaient le terrain en jachère : les formations, trois à six séances, quelle que soit la dominante (religieuse, philosophique culturelle...), ne marchaient plus ! La plupart étaient annulées faute de participants, les autres vivotaient avec une poignée.
Mes collègues m'ont demandé d'entrer dans leur choix et de ne rien proposer. Diffidle pour moi, d'entrée de jeu. Le tout informel n'est pas mon charisme. J'entre plus facilement en relation en profondeur à partir d'un objertif commun. J'ai obtenu que les étudiants expriment leurs attentes en matière de formation. O joie ! Dix-neuf ont demandé un groupe biblique. J'en ai animé deux. Une des difficultés rencontrées au fil du temps est la fidélisation des intéressés. Ils ont du mal à s'engager et à tenir, parfois pour des raisons qui me paraissent légères à moi, adulte
La présence irrégulière nuit au cheminement du groupe et à l'intéressé. Une formation demande un minimum d'inscription dans le temps et forme un tout qui perd sa cohérence si l'on zappe trop... Sollidtée pour la formation permanente du diocèse, j'ai programmé un parcours biblique sur « Dieu, le Père de Jésus Christ et notre Père », en l'ouvrant aux étudiants : cinq soirées d'octobre à janvier, avant les partiels. Il figure dans leurs propositions. Erreur d'analyse : aucun étudiant ! Ce n'est pas là chez eux ! Nous les informons d'un certain nombre de conférences de qualité, tout près de chez nous. Peine perdue.
Heureusement, il y a les habituelles soirées du mercredi. Un effort est fait, cette année, qui commence à payer : gestion plus rigoureuse du temps, de la préparation, de l'animation. La partidpation est plus nombreuse et la réflexion meilleure. Cependant, je reste insatisfaite : une heure trente par thème ne permet guère d'approfondir. Peut-on parler vraiment de formation ? Souvent, je m'étonne et m'émerveille de leur foi, me demandant comment, pourquoi ils croient : bases parfois fragiles, idées peu orthodoxes, Bible méconnue. Compte tenu du point où ils en sont, il y a de réels besoins, notamment sur le plan religieux, spirituel. Une formation strurturante demanderait désir, temps, implication exigeante, volonté. Ayant le soud de ceux qui ne trouvent pas leur compte, je suis heureuse quand l'un ou l'autre me le dit. Ma réadion positive les étonne. Avec eux, la difficulté est de savoir ce qu'ils veulent, ce pour quoi ils sont prêts à s'investir : les mêmes passent à côté des propositions, y compris de celles faites pour coller à leur demande. Expérience courante. Où et comment les rejoindre ? Démultiplier les propositions atomise la formation et requiert plus de forces vives. Proposer peu ne garantit pas de faire le plein. Trouver leur soif, répondre aux finalités spédfiques d'une aumônerie oblige à toujours chercher et inventer.
La préparation à la confirmation permet un approfondissement religieux pour quelques-uns. Les préparations d'animations sont de bons lieux de partage et de réflexion : eucharistie, célébration de réconciliation, veillée de prière, formation des chefs de chapitre du pelé de Chartres. Les occasions sont finalement nombreuses de favoriser la participation à quelques rassemblements qui répondent aux besoins de cette génération. Les idées ne manquent pas. Mais elles ne peuvent prendre corps qu'avec les étudiants, en passant par leur cheminement et nos petits moyens.
 

Une présence dans l'Enseignement supérieur


Une manière de rejoindre les étudiants est d'aller sur les campus. Je me contente des permanences de 12 à 14 h, dans une salle de cours ou un bureau prêtés, une fois par semaine. Le nombre des jeunes qui passent est variable, non négligeable, d'autant que certains ne viennent que là dans un premier temps. Les sujets varient, et il arrive que l'on sorte du superfidel pour échanger plus en profondeur. Mais ces lieux n'y sont pas propices. La demande est forte de garder à ce temps son caractère spontané, informel, qui leur plaît.
L'an passé, nous avions fait le projet d'indter les étudiants à réfléchir — quitte à inviter des spédalistes — à des questions spédfiques à leur formation, à leur avenir ; pour le CHU, par exemple, la bioéthique, la déontologie la relation aux patients, la maladie, la souffrance la mort... Avoir des temps de parole pour eux, des débats ouverts à d'autres. L'aumônerie pourrait être une force de proposition sur un campus. Cela a suscité un certain intérêt chez quelques-uns, mais, faute de volonté suffisante et d'engagement de leur part, nous en restons là. Il ne sert à rien qu'un adulte propose, si les étudiants ne sont pas aussi maîtres d'ceuvre.
Les « cathos » ne sont pas toujours bien acceptés des autres. Règne sur certains campus une intolérance assez grande, comme le montre parfois le sort de bien des affiches, promptement retirées, déchirées ou surchargées. D'où le manque d'empressement pour informer, communiquer.
Le cas de L'Ecole supérieure de commerce est différent : les élèves se connaissent beaucoup plus. La communauté, nombreuse, dynamique, reconnue comme une association parmi les autres (ce qui n'est pas admis en fac), ne manque pas de participer autant que possible à la vie de l'Ecole, en s'impliquant en tant que communauté ou par l'un ou l'autre de ses membres. Son image est positive fruit d'actions menées par les étudiants qui n'ont pas peur d'être étiquetés. Cela nous a valu, à des moments d'épreuve (en dix mois, quatre décès brutaux, dont trois élèves), d'être sollicités pour organiser un temps de prière ou une eucharistie, à la demande des camarades et de l'adminisuation, souvent incroyants ou non pratiquants. Moments forts vécus avec d'autres pendant les célébrations et leur préparation. Avec ces étudiants-là, il est plus fadle de faire des projets. Plus demandeurs de contenu, ils lancent des activités spédfiques. Je les y encourage, ayant conscience que ce qui est déjà proposé ne retient pas leur attention. Ils veulent des activités pour eux, à leur convenance : groupe de prière, temps d'échange, week-end d'aumônerie, sans compter la rencontre nationale CGE où nous allons en nombre. Ce n'est pas signe de fermeture mais désir de vivre ensemble au nom de leur identité chrétienne.

Favoriser toute action d'entraide


Il y a trois ans, certains ont créé la « banque alimentaire des étudiants » pour venir discrètement en aide à des étudiants étrangers. Une petite équipe la tient à bout de bras. Malgré les appels, difficile de trouver de nouveaux volontaires ! Au fil du temps, je découvre toujours plus d'étudiants engagés dans des mouvements (pour beaucoup, le scoutisme), leur paroisse, des actions de solidarité. Il faut veiller à ne pas les retirer de ces lieux, au contraire. Je me réjouis toujours que l'aumônerie ne monopolise pas toutes les forces vives.
L'aumônerie favorise les possibilités de servir : elle répercute des appels venant de l'extérieur. Certains font du soutien scolaire rétribué à un tarif moindre, pour aider des organisations humanitaires. Plusieurs viennent de s'engager dans une aumônerie de collège, près de Reims. A chaque fois, un jeune motivé en entraîne d'autres. L'aumônerie elle-même est un lieu de service et d'engagement où quelques-uns s'investissent régulièrement ou ponctuellement. Autant d'expériences qui font grandir humainement.
Je rencontre des étudiants généreux, acteurs et autonomes, qui assument des responsabilités. C'est une joie, d'abord. Mais toute réalité a sa part de lumière et d'ombre Ce désir de faire par soi-même : lumière ; cette volonté de tout tirer de soi : ombre D'aucuns refusent tout apport extérieur ; ils n'ont pas besoin de réfléchir, de se former un peu pour monter une liturgie (il suffit de mettre des chants chaque fois qu'on peut), pour animer des groupes de réflexion et de partage sur un thème : ils savent. Invitation à écouter en respectant ce qu'ils sont pour trouver comment les rejoindre et progresser ensemble convaincue qu'ils ont besoin d'accueillir quelque chose qui ne sort pas seulement d'eux.

* * *

Quand je relis ce que je vis et fais, j'ai souvent le sentiment désagréable du temps mal employé. Qu'ai-je fait, sinon être là parmi eux ? Mais n'est-ce pas cela aussi qui permet de mieux connaître un plus grand nombre, d'avoir des moments privilégiés de parole, des bouts d'accompagnement ? Limiter ma présence aux seules tâches circonscrites ou qui me conviennent (par goût et compétence), c'est passer à côté de leur vie. Etre là, attentive à leurs réactions, saisir l'occasion de dialoguer, rejoindre les désirs, les expliciter, voir ensemble comment répondre : le temps « avec » devient fécond. Quelque chose naît à partir d'eux et avec un Autre qui permet cela. Moments de grâce et de joie. Germination à accompagner.
Le quotidien m'interpelle sans cesse Aimer tous ces jeunes, les respecter, c'est, pour moi, non seulement les accueillir comme ils sont, où ils sont, mais faire en sorte qu'ils s'épanouissent grandissent sur tous les plans. D'où ce désir du meilleur pour eux, cette recherche du « davantage », qui peut être piégeante Comment répondre à la mission confiée ? Est-ce que j'en prends les moyens ? Ai-je encore les compétences ?... S'il y a beaucoup de satisfactions et de joies, il y a des lieux de tentations, de désolations. Beaucoup reste à faire Le discernement spirituel et apostolique est à opérer aussi sur la façon dont, intérieurement, je vis, j'assume Mais balayer quelques aspects significatifs de la vie de l'aumônerie par-delà ses limites et ses insuffisances, invite surtout à porter un regard positif et à rendre grâce pour ces jeunes, source d'espérance pour moi dans l'Eglise et le monde Que de moments de grâces offerts après le labour ! L'herbe qui pousse ne fait pas de bruit, le grain qui meurt met du temps à germer. Quoi que je fasse la vie est là, l'Esprit à l'oeuvre Cet accompagnement oblige à l'abandon et, dans la contemplation du Christ, de ses silences, de ses échecs, j'essaie de vivre au quotidien cette maxime du Père Hevenesi : « Fie-toi à Dieu comme si le succès dépendait tout entier de toi et en rien de Dieu, et mets tout en oeuvre comme si tout dépendait de Dieu et en rien de toi. »