Mais celui-ci est déjà venu en Jésus-Christ. Dès lors cette attente traduit l’urgence spirituelle d’une Eglise plus incarnée dans ce monde, plus signifiante et débordante de l’amour et du salut de Dieu au milieu des hommes. Cette actualité du salut a certes besoin de se lire dans la joie et le courage du pape à servir l’Eglise. Elle exprime à l’évidence et de façon pressante la soif d’une charité fraternelle plus sensible et d’une vie plus nettement évangélique de la part  des disciples du Christ, partout dans l’Eglise et dans les multiples instances ecclésiales, les plus locales comme les plus universelles. 

C’est à tous les baptisés,  qui forment aujourd’hui la chair vivante du Christ ressuscité, et pas seulement au pape, qu’il revient de signifier le plus manifestement possible l’espérance qui les fait vivre et témoigner. Leur engagement de foi ou leur ministère les poussent à emprunter des chemins évangéliques de bonté et d’amour fraternels, en renonçant à ceux qui conduisent au repliement ou aux violences de tous ordres. Ainsi incarnent-ils communautairement et personnellement dans des cultures diverses quelque chose de cette urgence si profondément invoquée.
                
Merci à Benoît XVI de nous renvoyer à notre vocation propre et de préparer ainsi  le chemin de son successeur. Par son dernier geste, le « Vicaire du Christ » nous désigne, comme à Emmaüs, le visage lumineux du Ressuscité qui s’efface au moment même où il se donne à vivre en nous par sa Bonne Nouvelle et son pain partagés.