Au cours d'un camp de jeunes, chaque soir, il était proposé un exercice de relecture en équipe. Après un bon temps de silence, chacun pouvait dire quelque chose de sa journée. Un jour, un jeune nous dit : « C'est dur, le silence. Parce qu'après le silence, on ne peut pas dire n'importe quoi. » Et moi de demander : « Tiens, pourquoi ? » Et le jeune de poursuivre : « Parce qu'on est écouté. » Ce genre d'expérience nous montre qu'accompagner des jeunes est un beau service, avec ses moments de consolation. C'est aussi un travail traversé par des paradoxes. Accompagner ne s'opposerait-il pas au désir légitime d'autonomie, de liberté de décider par soi-même ? Et comment faire découvrir – sinon par le silence – tous ces domaines de l'intériorité, de la gratuité, de l'amour, si bien cachés par les bruits du monde ? Et que dire de la joie quand on chante dans nos offices : « Servir Dieu rend l'homme libre comme Lui » ?

De quelques traits du contexte d'aujourd'hui
Médias et immédiateté

Le monde d'aujourd'hui préfère l'immédiateté des informations, des sentiments, du « ressenti »… ou il y est soumis. Cette pression est curieusement maintenue par les médias qui devraient plutôt jouer le rôle d'intermédiaire entre les événements et leur réception. Les sites des journaux proposent de réagir à tel ou tel fait ; les commentaires, lapidaires et très succincts, sont le plus souvent de l'ordre de l'affirmation. Ils n'aident en rien à se faire une idée sur un sujet, ni à s'engager dans une recherche commune de la vérité. Ne devrait-on pas plutôt parler de « non-média » ou de « im-média » ?

Nous connaissons tous la difficulté de présenter une vidéo à un