Troisième enfant d’une famille catholique marquée par la tradition, la raison, la pratique, je garde de l’enfance un mélange d’insouciance, d’autorité, de scolarité sans aisance et de vie en famille nombreuse. Dans la vieille et belle église du village, j’aimais l’odeur de l’humidité de la crypte et le silence qui y régnait, le service de la messe avec mon frère, les lampions qui brûlaient le soir du 15 août et les messes d’enterrement pour le pourboire qui nous ouvrait le monde des adultes. Donc, du terreau amendé mais non cultivé.
Je commence à m’éveiller en sixième à l’écoute de cette maxime : « La Bible dit toujours vrai à condition de bien vouloir chercher ce qu’elle veut dire. » De là est probablement né un désir de contextualiser la Parole sans pour autant la défaire de son mystère et de sa poésie. J’ai vite compris qu’il s’agissait d’une histoire d’hommes et de Dieu, et l’on m’a dit que chacun y avait une place s’il le désirait. C’est ainsi que l’on m’a parlé du Christ...

Les années de lycée, sous la conduite d’éducateurs aussi exigeants qu’intelligents, laïcs et jésuites, mûrissent en moi la confiance, le goût de l’étude et de la musique. À la fin du lycée, Hemingway et Dostoïevski m’ouvrent un peu les yeux sur la nature humaine, sa confusion et son mystère. Mais l’Évangile ? Non, pas vraiment lu, souvent entendu le dimanche, mais rarement goûté.
En activité extrascolaire, je choisis le travail du ciment et des parpaings, du bois et du crépi, de la pioche et du burin. Cela m’a introduit, pour en améliorer l’habitat, dans le milieu du quart-monde, comme une réalité à laquelle on se confronte pour la travailler avec le cœur, les mains et l’esprit.

 Le choix de l’orientation pour un métier

Après le baccalauréat, alors que la plupart des élèves de ma classe savaient où se diriger – qui pour reprendre la ferme ou l’entreprise familiale, qui pour suivre un chemin qu’ils