Dans la Bible, la fidélité est d'abord une disposition de Dieu, non de l'homme. Elle qualifie aussi les conduites humaines, mais comme une réponse. Et qu'elle s'applique à l'homme ou à Dieu, il ne s'agit aucunement du respect crispé d'un contrat initial auquel il faudrait se tenir coûte que coûte ; c'est plutôt une relation vécue dans une sorte de compagnonnage, évolutive, éventuellement modifiable, car elle est d'abord la qualité d'un amour attentif à l'autre, dans ce qu'il a de faible quand il s'agit de l'homme, ou d'incompréhensible quand il s'agit de Dieu.

C'est par une simplification abusive que l'on réduit la religion juive à l'observance légale – voire légaliste – d'une loi, d'une Torah donnée une fois pour toutes, ou que l'on identifie la morale chrétienne à un ensemble de préceptes évangéliques relayés par le magistère, qu'il faudrait appliquer de façon absolue ou intemporelle, comme si Dieu était indifférent à l'histoire humaine et, plus encore, à l'histoire personnelle de chaque être humain. Un regard précis sur la Bible, Ancien et Nouveau Testaments, conduit à réformer ces visions simplificatrices.

Le langage biblique de la fidélité

En hébreu, le mot « fidélité » se dit èmounah. Le terme est de la même racine que la formule amen, qui renvoie à une réalité solide, fiable, sur laquelle on peut se fonder sans crainte qu'elle ne chancelle ou ne se dérobe. L'équivalent grec le plus proche, celui qu'utilisent le Nouveau Testament et la traduction grecque de l'Ancien, la Septante, est pistis (trop exclusivement traduit en français par « foi »), auquel correspond l'adjectif pistos qui a, lui aussi, plusieurs sens : « croyant », mais aussi « fidèle » et « fiable ».

Dans l'Apocalypse, Jésus est appelé « l'Amen, le témoin fidèle et véritable » (Ap 3, 14). Il est à la fois celui qui a mis sa confiance en Dieu, celui sur qui Dieu peut compter parce que sa fidélité à sa mission fut sans faille et celui qui peut être une référence pour les humains, dont on peut considérer la conduite comme un modèle, sans risque de se tromper. Une telle conception du Christ prolonge l'image biblique de Dieu solide comme un rocher, sur lequel les fondations de la maison peuvent être