Il paraît certain qu'une des occasions majeures où la bonté doit s'exercer, c'est la souffrance à soulager, le soin à donner. Nous envisagerons ici non la maladie organique, mais la détresse ou le trouble psychique. Il semble alors qu'on soit pris entre deux exigences : celle, trop claire (trop, en effet), d'être bon ; et celle, venant de thérapeutes de métier, d'une rigueur qui semble fort s'éloigner de la bonté. Or il se pourrait qu'il y ait là un double péril d'illusion. Voyons un peu1.
N'est-il pas évident qu'envers le déprimé, l'angoissé, le « malade », il faut être bon ? C'est-à-dire accueillant, dialoguant, indulgent, prêt à se mettre à sa place, à porter ce qu'on peut de sa charge insupportable ? Qu'il faut avoir du cœur et ne pas craindre, quand l'autre souffre trop, de le lui montrer et accepter de « s'impliquer dans la relation » (comme on dit !), jusqu'à parler honnêtement de soi-même, pour que l'autre soit à l'aise en constatant qu'il n'est pas le seul à « avoir des problèmes » ?
Il ne manque pas, à une telle attitude, de références évangéliques. L'amour, d'abord, évidemment. Quel soin fondamental des grandes détresses psychiques, sinon l'amour dont témoigne le Christ ? Un amour sans réserve ni réticence, tout donné… « Donne à qui te demande », dit le Christ. Et que demande celui qui se noie dans sa détresse, sinon d'être conforté, entouré, encouragé, écouté ? Que demande-t-il, sinon l'affectueuse proximité qui va le rassurer et lui rendre courage ?
En quoi peut-on trouver inadéquate une attitude aussi « chrétienne »,