La question posée dans ce texte est, par excellence, la question évangélique. « Qui est-il ? » Les évangiles, et tout spécialement celui de Jean, en sont pleins. Est-il Élie ? Est-il le Messie ? Est-il de Dieu ? Est-il du Mauvais ? Jésus lui-même la pose aux siens en ce moment décisif qui suit la multiplication des pains : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Et, finalement, c'est sur la réponse que se joue toute la foi chrétienne.
Or, ici, la question est posée par le Baptiste, le précurseur, celui dont Jésus lui-même dit qu'il est, avant le Royaume, le plus grand parmi les enfants des hommes. Le Baptiste est en prison, à la veille de sa propre passion. À la différence des pharisiens – qui ne veulent que prendre Jésus au piège –, de la foule ou même des disciples – dont les désirs sont souvent si éloignés du chemin du Christ –, on peut dire que Jean a droit à une réponse qui l'éclaire, qui aille directement à ce qu'il en attend.
« Es-tu celui qui doit venir ? » Question elle-même pure et claire, sans perfidie ni arrière-pensée. Les évangiles ne la commentent pas. On a supposé que Jean était troublé par ce qu'il apprenait de Jésus, ce même Jésus que, toujours selon les évangiles, il