SERMONS AUX OISEAUX, Cinquante homélies pour le Temps qui demeure
Préf. S. Germain. Ad Solem, 2009, 300 p., 25 euros.

ÉTINCELLES III
Mêmes éditeur et date, 563 p., 29 euros.

DE L’OBSCUR À L’AURORE (1954-2009)
Zurfluh, 2009, 379 p., 30 euros.



Dans sa préface aux Sermons aux oiseaux, Sylvie Germain écrit que François Cassingena-Trévedy nous convie à « la joie de lire avec nos cinq sens, et de développer, à notre tour et à notre mesure, un sixième sens : celui du chant silencieux, du picorement de la lumière, d’une continuelle migration intérieure pour découvrir les trouées d’infini secrè­tement inscrites dans notre finitude ».
Des trouées d’infini, telles pourraient bien être définies les « étincelles » que l’auteur, moine de Ligugé, liturge, nous donne à lire depuis déjà cinq ans. En effet, dans ces notes spirituelles, la radi­calité évangélique dans toute sa nudité ne s’oppose pas à l’exaltation des sens et des sons du monde que nous avons en partage. Son style en est témoin où l’excès s’exprime en termes sereins, comme si les tensions extrêmes de la Croix ne réémergeaient au quotidien que dans les plus humbles manifestations de la vie. Que cette défense et illustration de la contemplation soit contre-cultu­relle, le frère François en est le premier conscient. Lui-même distingue trois civilisations : 1. Les idéologies actuelles, « mesquines, moroses, pragmatiques et désenchantées », alors que la terre promise n’est autre que la pauvreté au sens évangélique du terme, « attitude pour l’avenir et épouse à la mesure de l’homme » ; 2. Les médias, « qui étran­glent les médiations et rendent inconce­vable aux esprits la patiente acceptation de leur essentielle obscurité ». L’auteur, en ce sens, a des mots très durs à l’égard des « pourvoyeurs industriels et intellec­tuels du voyeurisme » ; 3. À l’encontre, il célèbre la civilisation qui met en oeuvre le regard, tout autant pensée que poésie, source de sagesse et d’illumination, en­globant l’exercice des cinq sens.
Du combat permanent contre soi-même, l’ouvrage de Dominique Daguet est aussi un bel exemple. Fondateur de la revue et de l’édition d’inspiration chrétienne Les Cahiers Bleus, qui défend à temps et à contretemps une certaine idée de la poésie vivante, généreuse et universelle, l’auteur réunit dans De l’obscur à l’aurore les pages de son journal poétique. Ce qui caractérise ces médita­tions en leur ensemble, c’est un inlas­sable travail d’approche des mystères auxquels nous ouvre la vie au jour le jour : le prochain, soi-même, le Christ, Dieu. Dominique Daguet a une manière bien à lui (bien qu’elle fasse parfois penser à Péguy) de s’affronter à ces mystères, passant très vite de poèmes de révolte à des poèmes d’amour, non sans prendre toujours Dieu à témoin. Ce combat est ce qui rend cet homme et son oeuvre attachants et dignes de foi.