Guillaume : Claire et moi sommes mariés depuis bientôt vingt-cinq ans. Nous avons quatre enfants, qui ont entre 16 et 23 ans. J'ai été avocat en droit des affaires, à Paris pendant quasiment vingt ans. J'ai quitté mon cabinet d'avocats en 2019 et j'ai rejoint le JRS (Jesuit Refugee Service, le Service jésuite des réfugiés) en mars 2020, d'abord comme bras droit du jésuite Antoine Paumard qui en était le directeur. Puis j'ai pris sa suite quand il est parti en Irak, en janvier 2022. Je suis maintenant directeur de JRS France.
Claire : De mon côté, j'ai travaillé pendant quinze ans dans un cabinet d'avocats en contentieux. En décembre 2016, j'ai quitté la profession et commencé le cycle de formation « Croire et comprendre », au Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris. En parallèle, j'ai été bénévole à la maison Bakhita1 pour participer à la construction du projet. Puis j'ai rejoint le pôle solidarité du diocèse de Paris, en septembre 2019. Je suis encore au bureau de l'association Bakhita et je travaille en étroite collaboration avec la directrice de la maison. Mais, désormais, je suis déléguée à la pastorale de l'exil du diocèse de Paris. Je m'occupe aussi d'une équipe diocésaine « Place et parole des pauvres » qui a vu le jour en septembre.
Christus : Qu'est-ce qui vous a amenés à changer d'orientation professionnelle, à vous engager au plus près des pauvres ?
G. : Ce n'est pas une décision qui s'est faite du jour au lendemain. En revanche, elle a été nourrie par un désir qui était profondément ancré en nous dès le début de notre vie de couple. Dès le commencement de ma vie professionnelle, j'éprouvais comme un manque qui revenait régulièrement interroger mon choix professionnel. Même si j'ai eu beaucoup de joies à travailler comme avocat, je m'interrogeais sur ce choix depuis quasiment le premier jour. J'en parlais régulièrement à Claire mais je n'étais pas capable de prendre conscience de ce manque et par conséquent de modifier ma trajectoire.
C. : Quant à moi, j'étais loin d'être traversée à ce moment-là par ces questions. On était