L'église Saint-Ferréol a pris ses lettres de noblesse, il y a une trentaine d'années, en devenant, sur proposition de l'évêque, un sanctuaire vraiment au service de tous sur le Vieux Port, au cœur de la ville. Son adresse au « Quai de la Fraternité » est un grand clin d'œil de la mairie ou plutôt « de la Bonne Mère », celle qui nous guide et nous protège.
Sa mission est d'accueillir tous ceux qui passent : Marseillais venant prier, touristes curieux de ce lieu ouvert sur le port, croisiéristes cherchant du repos dans leur déambulation, sans-abri profitant d'un peu d'ombre et parfois d'une oreille attentive…
À « Saint-Fé'», l'accueil n'est pas un vain mot et se décline sous diverses formes, pour répondre à la diversité de ses visiteurs :
• Accueil et écoute, avec une vingtaine de personnes se relayant tous les jours, pour renseigner, guider, écouter, rassurer…
• Prière, avec un mur de post-it où chacun peut dire ce qu'il porte dans son cœur et déposer une de ces prières qui seront portées le dimanche dans la prière universelle.
• Formation et réflexion, avec des parcours bibliques, des groupes de réflexion sur des thèmes de société où chacun peut débattre sans crainte d'être jugé.
• Culture, avec des concerts d'orgue un mercredi par mois, à midi.
• Fraternité, avec une attention particulière aux sans-abri ou aux migrants qui viennent demander de l'aide, afin de leur offrir l'écoute qui leur manque tant et de les orienter au mieux.
Notre collaboration à la mission de « Saint-Fé'» nous amène à contempler la ville et son port, mais aussi voir les personnes qui entrent dans l'église pour la visiter, pour y « faire leurs dévotions », pour se poser, pour y déposer joies, peines et demandes. Nous regardons tout cela avec bienveillance et, comme un photographe, nous aménageons le cadre et l'éclairage afin d'y voir des merveilles, et surtout communier à la beauté, l'humanité et la fraternité qui nous entourent.
Nous sommes aussi témoins de petits moments de vie chargés d'humanité : cette personne qui écrit sa souffrance sur un post-it qu'elle colle sur le mur de prière dans une chapelle ; cette autre qui, un peu plus tard, s'assoit et prie après l'avoir lu. Ce SDF qui se pose avec ses nombreux sacs, regarde la croix et engueule parfois le Bon Dieu. Ces personnes qui parlent avec les accueillants, dans les moments importants de leur vie, avec grande confiance !
À travers ces petits gestes de vie, le mot « fraternité » devient une évidence : ces « visiteurs » sont nos frères et sœurs et nous appellent à prendre une posture humble et soucieuse de l'autre. Il faut que chacun se sente accueilli avec ses différences, même si sa religion n'est pas la nôtre. Aujourd'hui, de nombreux appels, des cris d'angoisse et de désespoir résonnent dans notre société : c'est à cela que « Saint-Fé'» doit ouvrir ses portes. Il est important d'assurer le culte pour la communauté, mais en se laissant interroger et bousculer par ces appels pour faire communauté avec tous, et surtout ceux qui sont dehors : les personnes cabossées par la vie, celles qui recherchent la dignité, la confiance et l'amour. Si nous croyons au Christ mort et ressuscité, c'est que nous croyons que tous les hommes sont sauvés.