Dans Les deux sources de la morale et de la religion 1, Henri Bergson souligne le fantastique élan donné à l'Occident par le christianisme qui, en désacralisant la nature et en faisant émerger la conscience individuelle, a libéré en l'homme tout son potentiel créateur. Cette dynamique initiée dès le Haut Moyen Age pouvait déboucher, selon lui et selon ma relecture personnelle de cet ouvrage, sur deux types de processus : le développement matériel ou la quête mystique la « mainmise sur les choses » ou la « maîtrise de soi qui rende indépendant des choses ». Comme on le sait, c'est la première voie que nous avons privilégiée, et cela à juste titre, estime Bergson, car, pour se consacrer à la vie spirituelle, il faut d'abord être libéré du souci de survie. Quant à la quête mystique, elle a été réservée à quelques initiés retirés du monde. Or ce choix, qui est à l'origine du développement extraordinaire de l'Occident aux plans scientifique, technologique et économique, semble à présent avoir épuisé ses effets positifs.
Depuis 1968 précisément, notre revenu par habitant a été environ multiplié par deux. Or, vivait-on si mal il y a trente ans ? Qu'avons-nous fait de toutes ces richesses accumulées, sinon revenir à des situations de pauvreté qui font davantage penser aux années 50, voire 30 ? On peut dire pour reprendre Illich, qu'au-delà d'un certain seuil 2 — que nous avons atteint — la voie du développement matériel, de plus en plus livrée à elle-même, a fini par déboucher sur un véritable cercle vicieux qui va à l'encontre non seulement du progrès spirituel de l'humanité (« il est plus difficile à un riche d'entrer dans le Royaume des Cieux qu'à un chameau de passer par le chas d'une aiguille »), mais aussi, en dernier ressort — et cela était plus inattendu —, de son développement matériel : nos sociétés qui n'ont jamais été aussi riches n'ont en effet jamais compté, depuis au moins la « grande crise », autant de pauvres sur les plans matériel et spirituel.
Ne serait-il pas temps, dans ces conditions, de mettre un peu « la pédale douce » 3 sur la première voie et d'explorer davantage la seconde, celle de la spiritualité qui devrait alors s'offrir au plus grand nombre ? Rééquilibrer le progrès matériel par l'intériorité, mieux : l'y ancrer pour sortir d'une approche unidimensionnelle qui a fondé notre prospérité mais qui manifeste à présent ses limites — et cela pour en jouir pleinement, alors que nous nous y sommes asservis pour un bénéfice illusoire... Tel est le diagnostic auquel sont arrivés pas mal d'acteurs entrés en « résistance spirituelle », qui se sont reconnus dans la charte « Démocratie et spiritualité », élaborée en 1993 en référence à des dissidents comme Vaclav Havel : face au totalitarisme de l'« éco-règne » dénoncé par Maurice Bellet 4, il nous faut entrer dans de nouvelles analyses et de nouvelles pratiques qui, finalement, reviennent à réintroduire dans le débat public, et surtout dans nos attitudes au quotidien, ce « spirituel » devenu tabou, en particulier dans la tradition française.
J'essaierai dans un premier temps de montrer en quoi notre type de développement économique est devenu à bien des égards contreproductif, avant d'esquisser les contours de cette résistance spirituelle au modèle dominant.

Une économie contraire aux besoins de l'âme


Je propose d'utiliser un schéma explicatif simple voire simpliste, qui correspond à ce que Simone Weil appelait les « besoins de l'âme » 5. Les itinéraires de nombreux acteurs me semblent en effet s'inscrire dans une triple recherche : de lien, de lieu et de loi — ces « 3 L » que j'ai pris l'habitude de représenter par le schéma suivant :
• Le lien, figuré ici par l'axe horizontal, représente la relation aux hommes et aux choses : l'agir, le faire, nos engagements dans le monde, tout ce qui est échange. On le sait, l'homme est un animal social, il ne peut se construire sans l'autre qu'il imite ou affronte. Par contre, l'axe vertical, qui, dans le symbole de la croix, relie la terre et le ciel, met davantage l'accent sur la personne, l'individu, sur sa subjectivité et son intériorité. Il comporte deux parties :
• Le segment 2 est le lieu d'où part l'homme, le fondement sur lequel sa personnalité va se construire. On retrouve ici la notion d'enracinement chère à Simone Weil ou encore de l'identité de la personne ce « qui suis-je ? » qui se manifeste non seulement par un enracinement dans un certain milieu, mais aussi par des caractères propres spécifiques à l'individu. Plus précisément, pour reprendre la terminologie de Paul Ricoeur 6, il s'agit ici de l'identité conçue en tant que « mêmeté », qui correspond au latin « idem » : un grand nombre de caractéristiques de l'individu ont une certaine permanence dans le temps, et il a besoin de s'y référer pour bénéficier ainsi d'un ancrage dans la vie C'est un « lieu » où il se sent en sécurité, autre besoin de l'âme repéré par Simone Weil. Un lieu où il est à l'aise, accepté tel qu'il est, gratuitement. D'où ici la symbolique de la mère et de la famille. On sait à quel point ceux qui n'ont pas connu l'amour inconditionnel de leurs parents dans leur prime enfance peuvent avoir des difficultés à vivre leur vie d'adulte
• La loi, représentée par le segment ® de l'axe vertical, est à prendre au sens de « nomos » : le chemin, la voie, la direction auxquels nous sommes appelés à partir de notre ancrage initial. De l'identité « mêmeté », nous passons ainsi à l'identité « ipséité », à ce que Ricoeur appelle le « maintien de soi-même dans la promesse » : chacun est appelé à devenir soi-même... sans rester le même, à s'engager dans un cheminement personnel. En d'autres termes, chaque personne a besoin de trouver un sens à sa vie, qui va l'aider à se structurer hors du cocon maternel. D'où ici la symbolique du père, gardien de la loi, mais d'une loi de croissance

A partir de ces clés de lecture, on constate que notre mode de développement fondé sur le progrès matériel ne répond plus à cette triple quête de l'homme d'aujourd'hui :
• Le lien social, on le sait, est particulièrement mis à mal par le fonctionnement économique artuel. Le maître mot est celui de compétitivité 7, qui élimine systématiquement tous ceux qui ne sont pas « au niveau ». Le principe de solidarité ne règne qu'en dehors de la sphère marchande et ne joue, de ce fait, qu'un rôle de palliatif. On constate également qu'en détruisant ou fragilisant le tissu social dans certaines zones le jeu du marché a dans le même temps fait disparaître des solidarités naturelles difficiles à reconstituer dans un environnement trop mouvant. On peut regretter à cet égard qu'une trop grande part de l'activité de l'Union européenne soit consacrée, dans une sorte de fuite en avant, à généraliser cette règle de la concurrence dans tous les domaines sans l'équilibrer par la notion de développement, d'ancrage de l'économie, dans des communautés humaines.
• La quête d'un lieu, d'une sécurité, d'un enracinement, est également menacée par la précarité du travail et l'obligation de mobilité qui résultent de notre mode de développement actuel. Certes, il y a un côté stimulant et dynamique pour ceux qui peuvent suivre le rythme. Mais pour les autres ? Je pense à tous ces jeunes en échec scolaire souvent issus de l'immigration et vivant dans des quartiers en « relégation » (Jean-Marie Delarue) : ils sont en quête d'identité et on leur refuse une première expérience de travail susceptible de les ancrer dans la réalité, un logement facteur de sécurité et, surtout, la confiance seule capable d'engendrer chez eux l'« estime de soi ». De surcroît, les difficultés de la cellule familiale, en partie liées à cette recherche du « toujours plus » (sur-travail chez les uns, chômage chez les autres), n'arrangent pas la situation des jeunes en ce domaine.
• Quant à la quête de sens, d'une direction pour notre vie, d'un idéal, elle a du mal à s'exprimer à travers les grandes idéologies qui sont passées « à la moulinette » de l'économie de marché, celle-ci étant devenue sa propre fin. Il y a, certes, la quête de l'avoir et du pouvoir, mais elle est menacée par l'instabilité de notre mode de développement et ne concerne plus qu'une minorité : toute cette dynamique d'ascension sociale que beaucoup ont vécue pendant les « trente glorieuses », n'est plus qu'un lointain souvenir. Finalement, dans le désarroi actuel, il semble qu'il ne reste guère... que la quête spirituelle pour nous faire sortir de nous-mêmes et nous conduire à une dynamique positive. Le progrès matériel qui se veut sa propre fin nous révèle ainsi ses limites qui sont criantes.
Le risque ne serait-il pas alors d'instrumentaliser le spirituel pour rendre supportable notre mode de développement, en offrant un peu d'espace à la gratuité du lien social, à un ancrage pour chacun dans la connaissance de soi, à une transcendance ?... Il s'agirait, en quelque sorte de donner un « supplément d'âme » au système En sens inverse il semble exclu de revenir à une théocratie, si elle a jamais existé, et ce n'est pas dans le sens d'une injonction venue d'en haut qu'il faut parler d'« impératif spirituel ». C'est un mouvement, comme on va le voir, qui doit partir du coeur de chacun et intégrer la dimension sociétaire, ce que René Macaire appelait la « mutance », par opposition à la « militance » 8 et qui se situe au seul niveau de l'action, sans recherche de cohérence avec notre quête intérieure.
 

Des itinéraires variés, une perspective commune


Depuis pas mal d'années, je fréquente de ces « mutants », qu'ils soient actifs au sein de mouvements ou relativement isolés, menant pour certains une vie sans éclat mais cohérente. J'ai eu notamment la chance, il y a deux ans, de participer à une rencontre internationale comprenant des acteurs du Nord et du Sud inscrits dans une telle perspective Deux caractéristiques principales peuvent être soulignées dans cette résistance spirituelle : l'une a trait à la source qui l'inspire et l'autre au mode d'action qu'elle met en oeuvre Les arteurs cheminent à partir de points d'entrée différents dans la vie spirituelle que l'hindouisme a bien repérés, et cela de manière étonnamment proche de la grille de lecture que j'ai utilisée à propos des besoins de l'âme :
• La première voie spirituelle proposée par la tradition hindouiste, celle du karma-yoga, ou voie de l'action désintéressée, correspond à l'axe horizontal du lien. Il s'agit de mener une action « sans s'attacher à ses fruits ». On y retrouve ce qui est écrit dans l'Evangile : « Vous êtes de pauvres serviteurs inutiles, vous n'avez fait que votre devoir » (Le 17,10). Combien de personnes, de nos jours, mènent ainsi ce type d'action, que ce soit dans leur travail ou dans la vie associative, pour recréer du lien social et pour plus de justice entre les hommes !
• La deuxième voie est celle du jnana-yoga, ou voie de la connaissance, considérée comme le sommet de l'hindouisme II ne s'agit pas de connaître Dieu ou l'Eure de manière seulement intellectuelle, mais d'abord de le trouver au fond de soi « où il nous est plus intime que nous-même », selon l'expression de saint Augustin. Se connaître, et puis, peu à peu, se dépouiller de la dimension superficielle de son être pour toucher à son identité profonde, là où « cela, toi tu l'es » (hindouisme), là où vit le Christ en soi (christianisme), qui est finalement le lieu de la personne. Cet accès au spirituel exige le plus souvent un travail sur soi qui peut se réaliser à partir de méthodes ascétiques orientales (zen, yoga, mais aussi hésychasme orthodoxe) ou d'approches psychologiques et psychanalytiques.
• La troisième voie est le bhakti-yoga, ou voie de la dévotion. Ici, on retrouve davantage la pratique religieuse dominante telle qu'on la connaît en Occident, avec des rites et des dogmes, une loi (notre troisième besoin de l'âme) avec une relation personnelle au divin, une différenciation entre l'homme et Dieu. Le divin, immanent dans le cas précédent, est ici transcendant. Trop longtemps, on a assimilé la vie spirituelle à ce type de pratique, mais, en sens inverse, il ne faudrait pas à présent la dévaloriser.
Tels sont les pôles à travers lesquels nous cheminons dans l'espoir de les unifier un jour et d'être ainsi soi-même unifié. On constate en tout cas que ces trois types se retrouvent, plus ou moins mêlés, chez les « mutants » : le spirituel, pour une bonne partie d'entre eux, n'est pas réductible au « religieux », au sens de croyance en un Dieu et d'actes rituels. On rencontre cependant des points communs dans cette pluralité d'itinéraires :

• Le spirituel « ancré dans les profondeurs humaines » 9. L'individualisme contemporain est, on le sait, porteur des pires excès, mais aussi à l'origine d'un formidable élan d'individuation (Jung) aux formes variées, souvent plus authentique que l'ancienne religion d'appartenance Chez beaucoup de « mutants », on ne se situe plus, comme dans un certain christianisme, dans la répression de l'humain, mais au contraire dans sa réalisation pleine et entière Avant (ou plutôt : afin) d'« être parfait comme notre Père du Ciel est parfait »„ il faut d'abord « être parfaitement nous-mêmes ». L'expression de ses émotions, de son corps, de sa sexualité, s'inscrit dans ce chemin, ainsi que, pour les femmes, le souci de retrouver ce qui fait leur spécificité dans un monde trop masculin.

• La relation à la nature. La relation à la terre nourricière, vécue si authentiquement par nos frères et soeurs d'Afrique noire et du Brésil, est aussi la quête de beaucoup d'entre nous au Nord. Face à une modernité qui massacre la nature, à cet intellectualisme cartésien qui nous dessèche à une religion chrétienne mal comprise qui nous a dit de dominer la nature, beaucoup ressentent le besoin d'entrer en communion plus profonde avec elle. Comme le dit Raimon Panikkar, nous ne sommes pas seulement corps, âme et esprit, mais aussi cosmos.

• Le dialogue intra-spirituel. Le « dialogue intrareligieux », expression forgée il y a une quinzaine d'années par Panikkar 10, est un dialogue qui ne veut pas en rester à la surface, au niveau des dogmes — toujours plus ou moins liés-à une culture particulière —, mais se vivre dans une communion profonde, une pratique, une expérience commune qui sont les meilleurs vecteurs de ce dialogue que je préfère appeler « intra-spirituel », car il ne faut pas en exclure les spiritualités non religieuses. Une telle démarche qui nous implique non seulement au niveau mental, mais bien davantage à celui du coeur, peut nous aider à nous nourrir de l'apport des autres traditions, sans nous faire tomber pour autant dans le syncrétisme. De fait, beaucoup se trouvent au carrefour de plusieurs spiritualités : leur religion d'origine qu'ils ont rejetée ou, au contraire, retrouvée après un détour (un « détour productif » en l'occurrence !) ; une spiritualité à vocation plus universelle, holistique, impersonnelle ; enfin, la tradition des Lumières, certes trop rationaliste à leur goût, mais dont ils assument l'héritage en termes de démocratie de dignité de la personne, etc. Ils se situent bien, me semble-t-il, dans cette perspective intra-spirituelle avec cependant le risque d'un zapping ou d'un syncrétisme facile ; d'où le désir pour beaucoup, après un certain temps, de bien s'enraciner dans une voie pour mieux vivre l'ouverture
En définitive, même si la spiritualité a pris des formes auxquelles nos prédécesseurs n'étaient pas habitués, en particulier une forme non religieuse, il se dégage de tous ces témoignages un message d'espoir. L'Esprit est toujours vivant, et même plus vivant que jamais : il se traduit par une fantastique quête d'authenticité et de cohérence, plus que par des mots et des prières. Mais l'essentiel ne réside-t-il pas dans les fruits ? Ces nouvelles figures du spirituel débouchent sur un mode d'action qui, peut-être plus que par le passé, est très intégré, en outre à la vie spirituelle.
 

Une action prophétique


Dans leurs engagements sociaux, ces arteurs veulent rester cohérents avec le souffle qui les anime, même si leur efficacité doit apparemment en souffrir. Cette primauté du spirituel implique de ne plus opposer l'action et la contemplation, c'est-à-dire de vivre l'action en tant que contemplation. Cela les conduit à articuler : 1. Le fond et la forme : c'est le message gandhien de cohérence entre les fins et les moyens ; 2. L'efficacité et le réalisme d'une part, la confiance et l'espérance d'autre part : voir les choses objectivement mais reconnaître qu'il y a des processus qui nous dépassent ; 3. L'action présente et la prévision raisonnable : savoir renoncer à une « programmation ficelée » en étant disponible à ce qui va arriver ; 4. La persévérance et le lâcher-prise : s'engager sérieusement dans son action, à fond et au présent, mais savoir aussi l'abandonner si elle ne correspond plus à notre appel intérieur.
On peut cependant s'interroger sur les fruits d'une telle démarche. La société ne paraît pas en être particulièrement affectée : il est certain qu'il manque une visibilité à ce type d'action, qui ne s'inscrit pas dans une perspective politique mais prophétique — le terme de « prophète » n'étant pas à prendre ici au sens de « devin » mais de témoin engagé dans une cohérence de vie, ici et maintenant. Cette action prophétique comporte trois dimensions, qui me semblent bien correspondre à nos 3 « L » :
Vivre en cohérence son action au quotidien et son être authentique. Si vraiment nous croyons en l'Esprit qui transcende l'homme, nous devons croire que ces actions vécues au quotidien, ancrées dans notre lieu le plus profond, peuvent transformer le monde : c'est le fondement, trop souvent négligé, de toute action d'ensemble
Tisser des liens. Le problème vécu par beaucoup, c'est l'isolement, l'impression d'être un marginal, alors que d'autres de par le monde vivent la même expérience S'ils restent minoritaires en nombre ils peuvent néanmoins devenir une minorité agissante et significative pour la société. Il y a donc besoin de lieux de rencontre d'entraide de ressourcement réciproque, et c'est ce que tentent de faire des réseaux comme « Démocratie et spiritualité », « Réseaux Espérance » ou l'« Alliance pour un monde responsable et solidaire ». Plus qu'une action politique, c'est une action culturelle qu'il s'agit de promouvoir à travers l'éducation, les médias, les actions de communication émanant de ces pratiques.
Prendre des risques. L'avènement de cette nouvelle culture demande du temps et passe aussi par des conflits qu'il faut savoir assumer. Des actions d'interpellation forte une parole porteuse de sens qui jaillit de ces « acteurs-sujets » 11 sont alors nécessaires. C'est là que la démarche non violente me paraît avoir un rôle à jouer. Boycott, jeûne, désobéissance civile, objection de conscience, tels sont quelques-uns des moyens de l'action civile qui gagneraient à être mieux connus et diffusés. Loin de diaboliser l'autre il s'agit de combattre en lui ce que nous réprouvons, en assumant nous-mêmes des risques pour notre situation, notre vie, et, ce faisant, en l'interpellant — lui et l'opinion publique — au plus profond de sa conscience pour qu'il se mette à l'écoute de sa loi intérieure.

Faut-il, au plan de l'action globale utiliser les armes du monde ou rester cohérents, rechercher l'efficacité ou la fécondité ? C'est la seconde voie que privilégient ces acteurs de la résistance spirituelle que j'ai rencontrés. Chemin difficile et usant pour le corps et l'âme, qui rend nécessaire un enracinement toujours plus profond et persévérant dans ce que Paul Tillich appelait le « courage d'être ».



1. PUF, 1932.
2. Cf. I -P. Dupuy et J. Robert, La trahison de l'opulence, PUF, 1976.
3. Titre d'un ouvrage de F. Partant, Solin, 1980
4. Cf La seconde humanité, Desclée de Brouwer, 1994
5. Cf L'enracinement, Gallimard, 1949.
6. Cf Soi-même comme un autre, Seuil, 1990.
7. Cf. R. Petrella et le « groupe de Lisbonne », Limites à la compétitivité, La Découverte, 1995
8. Cf. La mutance, clé pour un avenir « humain », L'Harmattan, 1989.
9. Cf M Légaut, Intériorité et engagement, Aubier, 1977
10. Cf. Le dialogue intrareligieux. Aubier, 1985
11. Cf. B. Ollivier, L'acteur et le sujet, Desclée de Brouwer, 1995.