Pour ce dimanche où nous fêtons la Sainte Trinité, Christus vous propose cette prière très suggestive, tirée des écrits spirituels de saint François de Borgia (1510-1572). Après une vie de père de famille et de responsable politique très proche de Charles-Quint, il entra à près de 40 ans dans la Compagnie de Jésus, dont il fut le 3e Père général. Dans son intégralité cette prière se trouve dans le n° 23 de la revue « Christus » (juillet 1959) consacré à la Sainte Trinité.

 

 

« Nous ferons en lui notre demeure » (Jn 14, 23)

Prendre soin de la demeure où les trois personnes divines doivent habiter, c’est prendre soin de notre mémoire, de notre intelligence et de notre cœur, car c’est là que travaille en nous la ressemblance de l’Image de Dieu.

La mémoire, demeure du Père.  Chaque fois que me viendra le souvenir de quelque bien, j’accourrai au Père éternel, Hôte de ma mémoire, et j’en prendrai motif  pour me souvenir de lui et aller à lui, pour lui dire ces mots, ou d’autres : « Hôte très saint, qui est l’homme pour que tu te souviennes de lui ? Que trouves-tu en moi, pour être en moi comme le livre de ma mémoire, qui me donne l’attention dans mon inattention, la mémoire dans mon oubli ? » … Recommande ta mémoire au Père pour qu’il te rappelle ce que tu dois dire et faire, comment et quand tu le feras. Fais-lui confiance, il ne dort pas ton gardien !

L’intelligence, demeure du Fils. Elle est la demeure du Fils de Dieu, puisqu’elle connait le Père qui l’a envoyé et le Fils qui est envoyé pour donner la vie et pour demeurer en notre intelligence. Si nous sommes affligés d’affaires qui mènent aux ténèbres, le remède sera d’aller à notre Hôte. Arrivés à lui, nous serons libres de tout aveuglement ou trace de l’esprit de ténèbres. « Donc, mon âme, va vers la lumière. Tu demeureras avec elle et ton visage ne sera pas confondu ». En cet état, l’oraison continuelle est nécessaire, car celui qui prie, élevant son intelligence vers Dieu, accède à la lumière.

La volonté (le cœur), demeure de l’Esprit d’amour. Le fait de savoir tirer des peines le repos, de l’infamie l’honneur, de la mort la vie, c’est ce que fait la volonté, si nous en usons dans la liberté. « Quand tu voudras commencer quelque chose, ne l’entreprends pas sans l’aide de ton Hôte, car il est écrit que sans lui tu ne peux rien faire. Si tu dois penser quelque chose, recueille-toi avec lui. Si tu sors de la maison, prends-le pour guide car le bon esprit est celui qui guide à la bonne terre. Si tu dois traiter quelque affaire, mets-la d’abord sur ton cœur, pour que tout ce qui se fait, se fasse en son amour et pour son amour.

Envoie ton esprit et la terre sera renouvelée… Viens Père des pauvres, enrichir ma pauvreté… Sans toi, je ne vis pas ; sans toi, je manque de cœur ; sans toi, je ne me trouve pas ; sans toi, je n’aime pas ».